Après avoir arraché le troisième mandat au prix de tous les abus, le Prési Alpha Grimpeur et sa justice s’activent dans une logique de chasse aux sorcières. En dépit de sa main prétendument tendue à ses compatriotes. Depuis quelques semaines, certains politicards et activistes de la société civile paient le prix de leur opposition au troisième mandat.
Au terme de trois semaines passées à la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire), Mamadi Condé alias Madic 100 Frontières, a été placé en détention provisoire, le 26 novembre, à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Récemment, Me Saliflou-flou Béavogui, du pool d’avocats, avait dénoncé une violation de procédure au sujet de cette longue détention à la DCPJ, sans obtenir gain de cause. Son collègue, Me Alseny Aissata Barry, que nous avons joint, le 27 novembre, a déclaré également que la procédure pénale a subi un coup, ainsi que les droits de son client. En ce qui concerne son transfert à l’hôtel cinq étoiles, l’avocat sans vinaigrette a déclaré : «Nous allons nous battre afin qu’il soit le plus rapidement possible entendu par le juge d’instruction et que son procès soit organisé.»
Madic 100 frontières, blogueur et opposant, avait été arrêté le 27 octobre près de la frontière avec la Sierra-Léone. Il a été inculpé pour «injures, menaces, atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, xénophobie, incitation à la révolte». Me Saliflou-flou Béavogui dénonce : «On ne peut pas interpeller un citoyen, le garder près de trois semaines à la police judiciaire, l’amener et ouvrir une enquête contre lui. Le procureur aurait dû le libérer tout simplement parce que c’est la forme qui commande le fond.» Toutefois, l’avocat annonce qu’ils vont relever appel contre l’ordonnance qui a placé leur client en détention provisoire, mais aussi exiger sa mise en liberté. Amen !
A l’hôtel cinq étoiles de Coronthie, Madic 100 frontières n’est pas isolé. Il aura à côtoyer des leaders politiques défendant la même cause que lui. Il s’agit notamment de Cherif Bah, Cellou Baldé, Etienne Soropogui, Ousmane Gaoual Diallo, Abdoulaye Bah, qui y séjournent depuis deux semaines. Ils sont accusés de «troubles à l’ordre public, incitation à la violence, détention et fabrication d’armes légères, association de malfaiteurs».
Pendant que se multiplient les condamnations contre «l’acharnement» contre ces opposants et les plaidoiries pour leur libération, des membres du goubernement clament l’indépendance de la justice. Le secrétaire gênant à la présidence de la République, Naby Youssouf Kirdi-Kirdi Bangoura, chez nos con(.)frères de Mosaiqueguinée, a indiqué que «c’est à la justice de dire le droit» dans ce dossier. Au total, 350 opposants au troisième mandat sont sous les verrous.
Yaya Doumbouya