La culture guinéenne est en deuil. L’étoile des « Ballets Africains », l’artiste, Jeanne Macauley, a tiré sa révérence le 5 novembre, à l’hosto Ignace Deen à Kaloum des suites d’une longue maladie. La tristesse et la consternation dans la famille mortuaire a mobilisé parents, amis et collaborateurs de l’icône de la musique guinéenne.
Ils gardent de bons souvenirs de la défunte : Yélikha Kéïta, dirlo de la troupe « Sanké de Jeanne Macauley » parle de son maître : « Je suis sans mot. Je ne sais même pas quoi dire de maman Jeanne. J’ai mal au cœur. Elle était la maman des artistes guinéens, voire ceux de l’Afrique. Pour moi, c’était une femme gentille et noble. Elle a beaucoup fait pour notre pays, mais plus précisément nous artistes. Elle a formé beaucoup d’artistes qui sont aujourd’hui à l’extérieur. Tous, nous pleurons maman Jeanne ».
Thomas Macauley, frangin de la défunte garde un souvenir très immense de sa grande sœur : « Pratiquement, j’ai grandi avec elle. Depuis l’âge de 16 ans, je vivais avec ma grande-sœur Jeanne, elle était tout pour moi. C’était une mère, les mots me manquent pour parler d’elle ».
Camara Mohamed Lamine alias Papi, fils de Jeanne Macauley, promet de suivre les traces de sa défunte mère. «Ce que je retiens de ma maman est immense. Ce que je retiens beaucoup plus d’elle, c’est qu’elle s’est occupée de tout le monde. Elle n’a jamais fait de différence entre ses enfants et ceux des autres. D’ailleurs, c’est la chose qui m’a le plus marqué chez elle, elle a beaucoup fait pour les enfants d’autrui ».
Sur sa page Facebook, Dr Morissanda Kouyaté, activiste pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, a rendu un hommage à Jeanne Macauley. Pour lui, la disparition de Jeanne est « une perte d’une illustre figure de la Guinée mais aussi de l’Afrique. Talentueuse et charismatique, artiste des célèbres ballets guinéens, elle est un exemple de l’expression totale des valeurs féminines compétitives. Merci Jeanne et que Dieu te reçoive dans son paradis », a écrit Dr Morissanda Kouyaté.
Dame Macauley est née le 13 août 1945 à Fotoba (Iles de Kassa) d’Angélique Serah et d’Albert Macauley. Elle a fondé les « Ballets Africains » à partir du 10 octobre 1960. Jeanne Macauley, jeune sportive, avait les pseudonymes «Serah Boudou» ou «Abdou Goalman.» Elle brillait aussi dans la natation et sera inscrite par les soins de Dr Gabriel Sultan pour des études primaires à Conakry dans la période coloniale. Après avoir joué les premiers rôles sur les scènes les plus prestigieuses du monde avec les Ballets Africains de la République de Guinée, Jeanne Macauley sera, quelques années après, dans les effectifs du « Ballet National Djoliba », avant d’être nommée par le Président Ahmed Sékou Touré comme Directrice Générale du Théâtre d’enfant.
À partir de 1984, Jeanne Macauley a créé sa propre compagnie d’art de la scène, la « Troupe Sanké ». Membre du Conseil Économique et Social, l’artiste émérite est récipiendaire par 2 fois de la Médaille d’honneur du Travail (1967 et 2008), de la Médaille du Mérite Culturel (2010), de la Médaille de l’ordre National du Kolatier 2011 et d’une multitude de Médailles d’or et Clés de plusieurs villes et États à travers le monde avec les très célèbres Ballets Africains de Guinée où ils ont les titres de Citoyens d’honneur.
Elle rejoindra son Fotoba (Îles de Kassa) le vendredi 13 novembre prochain.
Kadiatou Diallo