L’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH) se dit préoccupée par le harcèlement et la lenteur judiciaire qui caractérisent le traitement des dossiers relatifs aux tueries et autres violations graves des droits humains lors des manifestations contre le troisième nambara du Grimpeur, pré et post-électorales d’octobre dernier. Ce vendredi 2020 novembre, à travers une conférence de stress qu’elle a animée à la maison commune des journaleux à Kipé (Ratoma), l’OGDH a condamné les arrestations et détentions illégales dont fait face notre bled.
A l’entame, le vice prési de l’organisation, El Hadj Malal Diallo, a demandé l’observation d’une minute de silence à la mémoire de leur vice-président, feu Abdoul Gadiri Diallo, ainsi qu’à la mémoire de tous ceux pour lesquels il se battait, et qui ont eu à perdre la vie du fait de la violation de leurs droits.
A travers une déclaration lue par le secrétaire général, Maitre Souleymane Bah, l’OGDH a rappelé que la République de Guinée est partie prenante à la Déclaration des Droits de l’Hommes de 1948, au pacte international relatif aux Droits et politiques, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et du peuple qui consacrent que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions politiques, philosophiques ou encore religieuses, l’inviolabilité du domicile, du droit de ne pas être arrêté ou détenu arbitrairement, le principe de la présomption d’innocence, du droit à la jouissance d’un procès juste et équitable dans un délai raisonnable ».
A ce titre, elle interpelle le corps judiciaire à travailler en toute impartialité et à veiller au respect des droits des personnes interpellées ainsi que ceux de toutes les personnes arrêtées et détenues actuellement pour des raisons politiques ou d’opinions. Parmi les personnes arrêtées, il y a : Chérif Bah, vice prési de l’UFDG ; Ousmane Gaoual Diallo, coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG ; Abdoulaye Bah, membre du bureau exécutif national de l’UFDG ; Etienne Soropogui, prési de Nos Valeurs communes et membre de l’ANAD ; Mamadou Cellou Baldé, coordinateur des fédérations de l’UFDG de l’intérieur, pour ne citer que ceux-là.
L’OGDH poursuit, « notre organisation déplore la décision du tribunal de première instance de Dixinn rendue publique le lundi 16 Novembre 2020 condamnant M. Saikou Yaya DIALLO, directeur exécutif du Centre Guinéen pour la Promotion et la protection des Droits de l’Homme (CPDH) à une année de prison assortis de 5 mois de sursis alors que selon ses avocats aucune preuve de sa culpabilité n’a été présentée lors de son procès. Notre organisation rappelle qu’en dépit d’une ordonnance et d’un arrêt rendus par les juridictions ordonnant, sa mise en liberté et son placement sous contrôle judiciaire, M. Saikou Yaya DIALLOa été maintenu illégalement en prison pendant plusieurs mois en violation de ces décisions de justice. Ce procédé d’intimidation et de répression d’opposants politiques et de militants de société civile est contraire aux principes démocratiques et à la Charte africaine pour la démocratie et les élections », déclare Souleymane Bah.
Par ailleurs, il ressort de plusieurs témoignages concordants recueillis par l’OGDH, que « depuis octobre 2019, la plupart des personnes tuées pendant les manifestations contre le troisième mandat, ont reçu des balles, et en dehors des périmètres de manifestations parfois. Certains parents et proches qui sont venus secourir ces victimes ont fait l’objet d’arrestations, de détention arbitraire, de violences et d’humiliation de la part des agents en uniformes. En dépit de l’indignation que cela a suscitée tant au niveau national qu’international et qui a conduit à l’ouverture d’enquêtes judiciaires par les autorités, notre organisation déplore la lenteur qui caractérise ces différentes procédures qui devraient permettre aux victimes d’obtenir justice ».
Par la même occasion, « notre organisation exige que des enquêtes sérieuses soient menées dans les meilleurs délais concernant la mort du détenu Thierno Ibrahima SOW, décès survenu le lundi 16 Novembre 2020 ».
L’OGDH interpelle l’État guinéen à garantir les droits et libertés fondamentales des citoyens conformément à ses obligations internationales. Elle en appelle également à une meilleure implication de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des États Unis d’Amérique et des Nations Unies dans la crise politique actuelle afin d’éviter que le pays ne retombe dans un autre climat de violence susceptible d’engendrer d’autres violations graves des droits de l’Homme.
Pour terminer, elle appelle la justice à plus d’impartialité dans le traitement des dossiers soumis à son examen pour redonner confiance aux populations conformément à la constitution qui consacre l’égalité des citoyens devant la loi.
Kadiatou Diallo