Comme Ibrahima Chérif Bah le mercredi, Ousmane Gaoual Diallo, Etienne Soropogui et Abdoulaye Bah ont passé la nuit du jeudi à la Direction centrale de la police judiciaire (DPJ) ! «Je viens de quitter la DPJ, ils n’ont pas voulu les laisser rentrer. Mes clients y passent la nuit», a confié un des leurs avocats, Me Alsény Aïssata Diallo.
Après près de huit heures d’audition (de 10h48 à 17h), les avocats étaient sortis sans leurs clients, tout en gardant espoir que ces derniers allaient être libérés vers la soirée. Que nenni ! «Notre souhait aurait été de rentrer avec nos clients à domicile. Ce sont des personnalités qui ont des garanties suffisantes de représentativité, leurs domiciles sont connus, et ils ne peuvent en aucune manière se soustraire à la justice. Leur garde à vue n’est plus nécessaire à une quelconque manifestation de la vérité. La commission rogatoire ne signifie pas forcément placement en détention», s’est offusqué Me Salifou Béavogui.
Les prévenus s’étaient librement présentés à la DPJ dans la matinée du jeudi, accompagnés de leurs avocats et de Me Amadou Diallo, conseiller juridique de Cellou Dalein Diallo. «Pour éviter la brutalité, les humiliations et la police de débarquer aux domiciles des personnalités respectées, comme nous sommes dans une République et avons foi en nos lois, nous avons demandé à ce que leurs interpellations obéissent au respect de la dignité humaine et des libertés publiques. C’est ainsi que le mercredi soir, nous avons reçu les convocations et ce jeudi matin nous nous sommes transportés à la Direction centrale de la police judiciaire. Nous avons été reçus dans le respect. Aussitôt nos clients ont été éparpillés dans les différents bureaux pour des séances d’interrogation. Ils ont tous été interrogés en notre présence effective sur les faits», poursuit Me Béavogui.
Délit d’opinion ?
Et de renchérir : «En réalité, ce sont des montages. Nous pensons qu’ils sont inquiétés tout simplement pour leurs opinions politiques. Le dossier est vide. (…) Nous allons nous battre contre l’injustice et l’arbitraire sous toutes ses formes, parce que nous croyons fermement à l’innocence de nos clients persécutés pour leurs activités politiques».
Dans une déclaration faite mardi soir, le procureur de la République près le tribunal de Dixinn dit avoir ouvert une information judiciaire contre X, suite aux violences post-électorales en Guinée. Ousmane Gaoual Diallo et Cie sont ainsi poursuivis dans ce cadre pour «acquisition, stockage, détention et usage d’armes légères et de guerre, de détention de munitions, de menaces et d’association de malfaiteurs, faits prévus et punis par les dispositions des articles 846 et suivants, 282 et suivants, 784 et suivants du Code pénal».
Est également concerné par ces chefs d’accusation, le responsable des stratégies et planification du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), plateforme de partis politiques et de mouvements de la société civile opposés à un troisième mandat d’Alpha Condé. «Sékou Koundouno se présentera d’un moment à l’autre. Il en est de même pour M. Cellou Baldé qui rentre de Labé», a précisé l’avocat Salifou Béavogui.
Diawo Labboyah