Par les temps qui courent, taquiner un ministre de l’Alphagouvernance peut se révéler hautement risqué. C’est ce qui est arrivé à un citoyen à une cérémonie de mariage qui se déroulait dans l’enceinte de la Mairie de Ratoma, sise au quartier Taouyah.
L’affaire s’est passée le 31 octobre dernier à l’Etat civil de la mairie de Ratoma, quand un couple célébrait son mariage, dont le parrain n’était autre que le « grand » sinistre du Budget, Ismaël Dioubaté. Et Ansoumane Kéïta, agent contractuel (du budget communal) en service à l’Etat civil, s’est cru dans les temps où le cousinage à plaisanterie, une dimension de notre culture, s’est permis de taquiner le ministre : «Chez nous, les Dioubaté et les Kouyaté sont des griots. Ce sont des grands hommes qui s’impliquent toujours dans la préservation de la paix. Ce sont des réconciliateurs». Ces phrases ont irrité Ismaël Dioubaté. Ansoumane Kéïta est d’abord officiellement radié des effectifs de la mairie de Ratoma sur décision du maire, Issa Soumah, pour «faute lourde».
Mais en réalité, il n’était plus lié, du moins professionnellement à la mairie, puisque tous les contractuels avaient déjà été remerciés, quelques mois plus tôt.
Le ministre a ensuite porté plainte contre le sieur Kéïta, pour diffamation et injures. Il a passé 24h à la Direction centrale de la police judiciaire, avant de se faire libérer après des démarches effectuées par ses parents. Ansoumane Kéïta ne comprend pas ce qui lui est arrivé: «Moi, j’ai fait un cousinage à plaisanterie, je ne pensais pas que cela pouvait valoir à quelqu’un une radiation. Le Sanakhouya (cousinage à plaisanterie) existe depuis nos arrières grands-parents. J’ai présenté le ministre, j’ai simplement dit qu’il est lui aussi un grand homme, parce que ce sont eux qui prônent la paix dans le Mandingue. Je l’ai flatté, mais il ne fallait pas le faire. Il a porté plainte contre moi, il a dit de me radier des effectifs de la Mairie de Ratoma».
Ansoumane Kéïta n’en veut pas au ministre du Budget. Il peste plutôt contre le maire de la commune de Ratoma : «En tant qu’élu, il s’est précipité à prendre sa décision. Il n’en a même pas discuté avec ses adjoints. Il a monté l’affaire lui seul et m’a dit qu’il m’a radié».
Le maire, pour le moment, donne sa langue aux chats. Mais des Conseillers communaux désapprouvent sa décision. Ansoumane Kéïta n’est pas totalement tiré d’affaire. Il devra se présenter à nouveau lundi prochain à la DPJ. Le pauvre !
Yacine Diallo