Il y a quatre ans, le 13 novembre 2016, nous quittait Laurent Pokou, de son nom complet, Laurent N’DriPokou, né le 10 août 1947 à Abidjan, dans la commune de Treichville. Après cette disparition, le défunt nous a laissé une image forte : celle de l’homme d’Asmara, un nom que lui attribua Boubacar Kanté lors de la VIème Coupe d’Afrique des nations disputée en Ethiopie.
Janvier 1968, Addis Abéba accueille l’élite africaine. Au stade Hailé Sélassié, le onze de Côte d’Ivoire est opposé, pour sa première sortie, à l’Algérie, favorite du tournoi. A deux reprises, le n° 9 ivoirien place des démarrages irrésistibles, cloue sur place ses garde-corps et s’en va battre le gardien Nassou. Score final : 3-0 ! La surprise est de taille. Sur les ondes, dans les dépêches des envoyés spéciaux, toujours le même nom : Laurent Pokou. La Côte d’Ivoire atteint les demi-finales mais échoue devant le rival ghanéen : 3-4. Elle décroche toutefois la troisième place et Laurent, avec six buts, est le réalisateur numéro un de cette édition de la Coupe. L’Olympique de Marseille et le FC Nantes le sollicitent sans succès.
Il est à noter qu’avant cette performance en phase finale de la CAN, Laurent Pokou fera les beaux jours des Mimos de l’ASEC d’Abidjan. Intégrant d’abord l’équipe junior de l’ASEC au cours de l’année 1966, Laurent Pokou met plusieurs mois avant de convaincre Ignace Wognin, l’entraîneur des seniors, de lui faire confiance, d’autant qu’Eustache Manglé, l’avant-centre titulaire, est aussi le buteur de l’équipe nationale. Le 20 novembre 1966, Pokou est finalement aligné une première fois lors d’un match de championnat contre le Réveil Club de Daloa, et inscrit trois buts pour ses débuts. Wognin finit par l’installer comme deuxième attaquant derrière Manglé, ce qui ne l’empêche pas de marquer treize buts lors de ses sept premiers matchs avec les seniors de l’ASEC. Une réussite qui rend désormais Édouard Pokou fier des talents de son fils balle au pied. C’est en 1974, que Laurent Pokou inaugure sa carrière professionnelle à Renne. La Côte d’Ivoire le récupère entre temps pour le tournoi final de la IXe Coupe des nations. Au Caire, Pokou a des éclairs de classe sans plus. Aucun but à son actif, et l’humiliation de l’élimination. En 1978, il tire un trait définitif sur sa carrière professionnelle et rentre à Abidjan. Il réintègre l’ASEC et retrouve assez de motivation pour regagner une place en sélection nationale. Et en mars 1980, il est à Lagos avec les Eléphants pour disputer à nouveau la CAN. C’est la dernière grande compétition à laquelle il participe. Il s’ensuit une reconversion d’entraîneur avec quelques clubs ivoiriens. Ces dernières années, il était membres de la Fédération ivoirienne de football, chargé de la supervision des jeunes footballeurs. Laurent Pokou est classé au septième rang des meilleurs joueurs africains du siècle, derrière George Weah, Roger Milla, Abedi Pelé, Lakhdar Belloumi, Rabah Madjer et Théophile Abéga. La CAF et la Fédération ivoirienne lui ont décerné des distinctions honorifiques. A mercredi prochain.
Thierno Saïdou Diakité