Il était en détention depuis cinq mois. C’est finalement en novembre que son procès a démarré. Mamadou Chérif Barry, chauffeur, domicilié à Koloma-Soloprimo, est accusé de coups et blessures volontaires sur la personne de l’adjudant Seydouba Kanké Camara.

C’était en juillet dernier, Mamadou Chérif Barry rentrait de voyage, selon ses explications. Vers 2h du matin, il a entendu un bruit près de son véhicule : « J’ai pensé à des voleurs. Je suis sorti avec une machette. Dès qu’ils m’ont vu, ils se sont jetés sur moi. J’ai blessé un d’entre eux à la main. C’est après l’acte qu’ils m’ont dit qu’ils étaient policiers. J’ai immédiatement demandé pardon. Nous sommes allés ensemble au Centre Mère et Enfant pour le soigner. On est resté ensemble jusqu’au lendemain matin. L’agent a finalement porté plainte, ils m’ont envoyé à la DPJ ». Chérif Barry explique que l’agent blessé ne portait pas d’uniforme de police : « Il était en civil et se cachait derrière mon véhicule. C’est quand il y a eu la blessure qu’ils m’ont dit que ce sont eux qui encerclaient chez Abdourahmane Sanoh, le coordinateur du FNDC et qu’ils recherchaient des loubards ».

A l’audience de ce lundi 23 décembre, la victime a donné une version toute différente: « Nous étions en patrouille tard la nuit, ils étaient nombreux. Dès qu’ils nous ont aperçus, ils ont fui. J’ai réussi à mettre main sur Chérif. Mais après explications, le chef a ordonné sa libération. Quand il a été libéré, il cachait une machette quelque part. J’ai entendu mon chef crier « il va te tuer  » ; « il va te tuer ». Je me suis retourné, j’ai tenté de m’interposer, il m’a blessé à la main ». Mais à la surprise générale, l’Adjudant Seydouba Kanké Camara a demandé au tribunal de relaxer le prévenu : « Moi j’ai déjà désisté. J’ai pardonné ce qui est arrivé. J’ai été blessé dans ma mission. Je portais mon arme, je pouvais tirer. Et ce n’était pas la première fois que j’ai vécu une telle mésaventure. J’ai déjà été blessé lors d’une autre intervention. Vous pouvez le libérer ! »

Le procureur a fait fi du témoignage de la victime pour demander au tribunal de retenir le prévenu dans les liens de la culpabilité. « Sur la base des dispositions de l’article 239 du Code pénal, condamnez-le à un an d’emprisonnement ! »

Le juge a déclaré Mamadou Chérif Barry coupable des délits de coups et blessures volontaires. Pour la répression, Aboubacar Mafering Camara lui a infligé une peine de quatre mois d’emprisonnement. Il ordonne également la confiscation de sa machette. Mamadou Chérif Barry a déjà fait plus de quatre mois à la Maison Centrale de Conakry et a donc recouvré sa liberté.

Yacine Diallo