La marche de protestation contre l’arrestation et la détention des leaders et militants de l’opposition et de la société civile n’a pas eu lieu à Cona-cris, interdite qu’elle était par les autorités. A l’initiative de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) et de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad), la marche devait partir de l’échangeur de l’aéro-hangar de Gbéssia pour l’esplanade du Palais du peuple. Justement à l’aéro-hangar de Gbéssia, un dispositif impressionnant des forces de sécu-raté a été déployé, point de départ de des marcheurs. Mais la marche proprement dite ne s’est pas déroulée. A la place, quelques échauffourées et barricades de rues ont été signalées çà et là. Les activités économiques, elles, ont été paralysées ; le commerce fermé ; la circulation fluide. Dans un communiqué, l’ANAD s’est dit «satisfaite» du caractère pacifique de la manif ainsi que les résultats obtenus jugés «conformes» aux objectifs que se sont fixés les organisateurs.
Du fait de cette protestation, l’ANAD a estimé avoir obligé l’Etat à faire un «déploiement militaire et paramilitaire impressionnant et disproportionné prouvant à suffisance que le régime ne tient que par la force et non par un soutien populaire. Le dispositif était si impressionnant que les populations ont choisi de rester chez elles. La manifestation s’est muée en journée ville morte », indique le communiqué signé de Joachim Baba Millimono, le chargé de com. de l’ANAD. Et de préciser : «Les populations sont restées à la maison et les activités économiques (port, banque, commerce, transport) ont tourné au ralenti. Boutiques et magasins sont restés fermés, ce qui a entraîné une paralysie des activités commerciales, une baisse importante d’activités pour les banques et une circulation relativement fluide…. »
Selon lui, la date de la prochaine manif pacifique sera très prochainement annoncée. « En plus des réclamations liées à la manifestation de la vérité des urnes, à la libération des prisonniers, à la justice pour les victimes, la prochaine manifestation inclura l’arrêt des persécutions contre les opérateurs économiques pour leur opinion politique ou leur origine», conclut le communiqué. A l’intérieur du pays, notamment à Labé, des manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes, faisant des blessés et des dégâts matériels. Dans plusieurs autres villes du bled, cet appel à manifester n’a été que peu suivi.
Yaya Doumbouya