Les procès des personnes interpellées pendant les différentes manifestations contre le tripatouillage de la Constitution se poursuivent au tribunal de première instance de Dixinn. Ce 23 novembre, ce sont les dossiers d’une dizaine de jeunes qui étaient inscrits au rôle d’audience, parmi lesquels, Hassane Sow, déséquilibré mental, et les frères Mamadou Saïdou et Souleymane Baldé. Ils sont accusés de participation délictueuse à un attroupement.

L’affaire remonte aux 21 et 22 octobre et jours qui ont suivi la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 18 octobre. Des manifestations avaient éclaté un peu partout à travers la capitale Conakry. Des policiers faisaient la ronde entre le rond-point Cosa et Petit-Simbaya. C’est dans ce quartier qu’ils ont interpellé les trois prévenus et les ont déposés au commissariat central de Ratoma. Hassane Sow avait nié les faits voici semaines. Ce lundi, Mamadou Saïdou Baldé et son jeune frère ont, eux aussi, rejeté en bloc les accusations articulées contre leurs personnes. « Ils m’ont trouvé devant notre parc, j’étais avec mon jeune frère, ils sont passés. Quelques instants après, je les vois foncer sur moi. Je cherchais à ranger mon véhicule. Ils m’ont dit d’en descendre, un agent m’a jeté dans le pick-up. Mon jeune frère, lui, est retourné dans le parc, ils l’ont retrouvé-là, l’ont giflé avant de l’embarquer » explique Mamadou Saïdou Baldé.

Est-ce que vous n’étiez pas sur la voie publique en train de jeter des pierres ? demande le procureur. « Jeter des cailloux n’est pas mon boulot. Ils m’ont trouvé dans mon lieu de travail ». Des propos que son frère Souleymane Baldé confirmera par la suite. « C’est mon frère qui m’a dit de l’accompagner. Il voulait déplacer la voiture de son maître. Ils sont tombés sur nous dans le parc .
– Pourquoi ils n’ont arrêté que vous deux seulement ? » s’interroge le juge.
– Je ne sais pas, je connais la plupart des policiers qui nous ont arrêtés » déclare Souleymane Baldé.

Le procureur dit avoir la ferme conviction que les accusés étaient sur la voie publique pour défier les forces de l’ordre. « Ils ont été arrêtés sur la voie publique. Tout le monde sait que ce jour, il y avait des manifestations à divers endroits de la capitale, y compris la zone où ils ont été arrêtés. J’ai la conviction qu’ils ont été pris sur la voie publique ». Il demande au juge de les retenir dans les liens de la prévention, en les condamnant à « 5 mois d’emprisonnement et à 500 000 francs guinéens d’amende.»

Des réquisitions que Me Thierno Souleymane Baldé, avocat de la défense trouve sans fondement : « Le ministère public demande leur condamnation sans preuves. Nous ne sommes pas là dans le cadre de la religion pour parler de conviction. Il doit démontrer qu’ils ont participé à une manifestation. Je vous demande de les relaxer purement et simplement parce qu’il n’y a aucun élément de preuve qui prouve, qui atteste qu’ils des manifestants. Vous aurez rendu ainsi une bonne décision de justice ». Le juge a renvoyé l’affaire au 7 décembre prochain.

Yacine Diallo