Lors de sa visite officielle en France, le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, n’a pas fait face qu’au tapis rouge et aux accolades. La répression et les violations des droits de l’homme dans son pays ont été largement documentées. À l’évocation des droits humains, il a répondu sur la lutte contre le terrorisme, assurant qu’il était de son devoir de protéger les cent millions d’Égyptiens.

Les deux dirigeants ont par ailleurs souligné leur partenariat « stratégique et essentiel », selon les mots d’Emmanuel Macron : Paris et Le Caire main dans la main face à la crise en Libye, pays voisin de l’Égypte, Paris et le Caire travaillant ensemble en Méditerranée orientale, région où la question des gisements de gaz suscitent des tensions. Dans ces deux dossiers qui sont liés, Abdel Fattah al-Sissi et Emmanuel Macron affichent un front uni face à la Turquie, dont ils critiquent la politique régionale.

Pour Anne-Claire Bonneville, chercheuse de l’INALCO (Institut National de Langues et Cultures Orientales), c’est une décision sage. Elle rappelle l’importance géopolitique de l’Égypte à la frontière entre deux continents : « C’est important d’avoir un partenaire avec lequel on peut discuter et qui est aussi important dans la région et en Afrique. Ça prolonge les relations qui avaient été engagées en 2019, lorsqu’Emmanuel Macron s’était rendu en Égypte

La remise de la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron à Abdel Fattah al-Sissi ne figurait pas à l’agenda officiel du président français, et c’est parce que la délégation égyptienne a filmé et diffusé des images de cette cérémonie que les faits ont été connus. La France a déroulé le tapis rouge au président égyptien malgré la répression politique dans son pays. Elle lui a donc également remis sa plus haute distinction.

Colère des défenseurs des droits humains et colère de Corrado Augias, écrivain et journaliste italien, qui a prévu ce lundi de restituer sa Légion d’honneur à l’ambassade de France à Rome. « J’étais fier de montrer le ruban rouge à la boutonnière de ma veste », écrit l’intellectuel italien dans une tribune publiée dans la presse de son pays, « mais, ajoute-t-il, je ne partage pas cet honneur avec un chef d’État qui s’est fait objectivement complice de criminels ».

Dans sa lettre ouverte, Corrado Augias fait référence à Giulio Regeni, cet étudiant italien enlevé, torturé et assassiné en Égypte en 2016. L’affaire pèse toujours sur les relations entre Le Caire et Rome. L’Italie soupçonne quatre officiers égyptiens alors que Le Caire a récemment annoncé que l’enquête allait être « temporairement » refermée.

Avec RFI