Quatre ans après le lancement du Lynx, le 18 décembre 1996, les lecteurs découvraient dans les kiosques le premier numéro de la Lance. Dans le sillage du satirique hebdomadaire, le journal du mercredi avait pour objectif le traitement de l’information générale pour élargir et compléter le rayon d’action de la rédaction. Une tâche pas du tout aisée dans un contexte difficile et quelque peu hostile. Difficile en raison des réalités socio économiques du pays. La lecture n’est toujours pas encore profondément ancrée dans les mœurs de nos compatriotes, beaucoup plus confrontés à la quête du quotidien. Vingt- quatre ans après, ce cliché toujours valable, change lentement mais progressivement. Même si ce sont les photocopies des journaux et autres publications qui font recettes, le besoin d’information se fait de plus en plus sentir. De nos jours, en dépit d’un faible taux de pénétration (en sensible augmentation), nos compatriotes commencent à prendre l’habitude de s’informer par la presse. Quoique les rumeurs alimentent fortement les canaux d’information à Conakry.
Le contexte hostile s’explique par le fait qu’en dépit de la promulgation de la loi sur la presse, il reste encore du chemin à l’épanouissement de celle-ci en Guinée. De l’achat des intrants à l’accès aux sources d’information, il faut se démener comme un beau diable pour sortir. Sans compter les délestages dans la desserte en courant électrique. Et une fois sur le marché, la gestion des circuits de distribution est un autre casse tête. C’est dans cet environnement que lentement mais sûrement la Lance dans l’ombre du Lynx a trouvé son lectorat. Des lecteurs fidèles mais exigeants, grâce auxquels l’hebdomadaire tient encore une route de plus en plus escarpée.
Vingt-quatre ans, c’est l’âge de la majorité dans la croissance d’un homme. Pour l’hebdo du mercredi, cette séquence de temps marque une évolution significative. Contre vents et marées, la rédaction tient, malgré des départs occasionnels mais regrettables. Sans tomber dans l’autosatisfaction, les concepteurs de ce projet ont eu raison de tenter l’aventure. Comme dirait l’autre, si La Lance n’existait pas, il fallait la créer. Le Lynx qui traite l’actualité dans un genre bien spécifique avait besoin d’être complété pour assurer la couverture de bien des sujets de l’actualité nationale et internationale. D’où la pertinence de l’initiative qui a permis à la Lance de voir le jour.
En ce jour anniversaire du journal, nous ne saurions oublier Sékou Amadou Condé, le SAC du Lynx, Otis pour les intimes, arraché à notre affection le 7 décembre 1998. Deux ans durant, il s’était entièrement défoncé au service de la Lance. De nombreux artistes ont bénéficié de ses papiers dans les colonnes du journal. Artiste comédien, il était dans son élément lorsqu’il abordait des thèmes culturels. Nous aurions souhaité poursuivre avec lui l’animation de la Lance. Le destin en a décidé autrement.
A l’ère des inforoutes, de nombreux défis interpellent la rédaction : la formation continue des journalistes pour leur permettre de soutenir la concurrence avec la presse en ligne, le traitement plus pointu et détaché de l’information orientée vers la préoccupation des citoyens. Il s’agit d’être plus près du quotidien de nos compatriotes. La quête de l’information est un combat permanent qui exige beaucoup de sacrifices. Nous en sommes parfaitement conscients, et rassurons nos nombreux et fidèles lecteurs de notre ferme engagement à contribuer à l’élargissement de l’espace de la liberté d’expression chèrement conquis. Quoiqu’il arrive !
TSD