Le 14 décembre, à la veille de l’investiture du Prési Alpha Grimpeur à Cona-cris, les nounous de la commune de Ratoma, épaulées par celles de l’opposition, battront le pavé. La marche partira du rond-point de Bambéto à l’héliport de la Bellevue. C’est à la faveur d’une conférence de presse, le 10 décembre à Cona-cris, que les dames ont distillé l’info à la presse. Le but, exprimer leur mécontentement face aux exactions des forces de défense et de sécurité dans la commune de Ratoma, «stigmatisée par le pouvoir.» Fatoumata Binta Diallo, du mouvement, a déclaré que la marche ne vise pas à empêcher l’investiture du Prési Alpha Grimpeur, mais de montrer leur mécontentement, car elles ne peuvent point rester «indifférentes» à cette situation. «Nous sommes des femmes non-armées, nous n’avons rien. Que l’on nous laisse pleurer nos enfants, nos maux dans nos cœurs. Il faut que les larmes de nos cœurs qui saignent sortent. Nous allons sortir le 14 décembre que l’on accepte ou pas, nous allons marcher et montrer notre mécontentement», peste-t-elle. Hadja Maïmouna Bah, de l’opposition guinéenne, a indiqué qu’elles sortiront «absolument», car «on a décidé de sortir, on va le faire. Il faut que l’on se batte pour la liberté et la légalité en Guinée. Nous ne sortons pas pour cacher ou voler quelque chose, nous sortons pour exprimer notre mal. Que l’on nous accorde carte blanche», temporise dame Maïmouna Bah. Elle soutient toutefois que tant qu’elles ne seront pas entendues, elles manifesteront, car la commune de Ratoma «en a assez. On n’en peut plus ! »
«L’arrêt immédiat de la violence»
Les violences post-électorales ont fait une cinquantaine de victimes, notamment dans la commune de Ratoma, fief de l’opposition. Plus de 350 arrestations arbitraires. Sans parler de des destructions des biens, de vol, de viol et des violations des droits humains. Hadja Maïmouna Bah et Cie exigent l’arrêt immédiat des tueries, de la violence. «Nous fustigeons les saccages des biens matériels, la destruction des propriétés et la restriction des libertés individuelles et collectives perpétreés à Ratoma. Aussi, nous fustigeons le fait que la commune soit assiégée par les forces de défense et de sécurité qui sont à l’origine des violences indescriptibles depuis l’élection contestée du 18 octobre. Nous exigeons la libération sans condition de toutes les personnes arbitrairement arrêtées », lit-on dans leur déclaration.
Le 30 décembre, un policier a été tué à Wanindara. Le ministère de la Sécurité et de la protection civile avait évoqué un cas de terrorisme. Depuis, le quartier a été quadrillé par les agents de sécurité. Et bonjour, les abus ! «Actuellement à Ratoma, les femmes n’ont plus le droit d’aller au marché pour nourrir leur famille, les sages et les imams n’ont plus le droit d’aller à la mosquée, les jeunes n’ont plus le droit d’aller à l’école, les enfants quant à eux, n’ont même plus le droit d’aller acheter du pain au risque de se faire arrêter ou pire, se faire tuer. Nous déplorons cette banalisation de la vie humaine des Guinéens par nos autorités. Nous vivons dans une douleur perpétuelle et exigeons que des enquêtes soient menées afin que justice soit rendue», dénonce la déclaration.
Yaya Doumbouya