Gouverner autrement, c’est:
– « Je n’accepterai plus les détournements », donc ceux qui ont détourné peuvent dormir à poings fermés.
– « Je n’accepterai plus les SMS, je ne prendrai plus les téléphones.» C’est inédit, un chef d’Etat dont le numéro de téléphone est sur la place publique. N’est-ce pas lui qui a dit : « Capi m’a appelé pour me dire de publier le gouvernement », c’était en 2010. La fonction venait d’être désacralisée. Un citoyen sans aucune position administrative qui invite le Chef de l’Etat à constituer son gouvernement ? Impensable !
– « Personne ne peut me forcer à signer un décret. » Quels aveux ! C’est dire que ce ne sont pas les nécessités de services qui lui font prendre les actes du pouvoir central, mais les recommandations et faveurs qui lui font prendre des décrets comme des bonbons à distribuer. Alors maintenant, personne ne peut lui imposer de donner ses bonbons.
– « Je n’accepterai plus que les gens fassent ce qu’ils veulent dans la circulation sans aucune considération pour les policiers ». Voici le président directeur de la sécurité routière. Je reste muet. J’espère qu’il va bientôt rappeler qu’il va ordonner aux occupants des trottoirs de libérer les passages réservés aux piétons.
– « Nous allons recenser les entreprises appartenant aux ministres… » Il connait mieux que n’importe les propriétaires de Djoma TV ou Djoma autre chose… Il connaît qui sont les gros transporteurs de bauxites dans la région de Boké. Il sait qui a accordé ou autorisé des constructions dans le domaine maritime, avec des remblais en mer qui ont affecté le jardin de l’hôpital Ignace Deen réservé aux malades à un promoteur hôtelier. Qui a autorisé
l’installation dans l’enceinte du port des industries dont les activités n’ont rien de portuaires mais de « productions » de biens de consommation sous palan. Grotesque !
– C’est en plus de s’attaquer aux coordinations régionales qui n’ont aucune responsabilité dans la déliquescence de l’Etat mais qui en sont une conséquence.
– De régler des comptes politiques et des ressentiments par des « répressions » physiques et morales contre des citoyens qui lui apportent la contradiction. Ou encore des tentatives d’humiliation d’adversaires politiques par des fonctionnaires de polices, des magistrats et des militaires aux ordres et parfois sans honneur. Alpha Condé meuble son emploi de temps par ses sorties inadaptées et insoutenables, par des menaces permanentes qui sont la preuve qu’il est le premier à n’être pas rassuré de sa légitimité et de l’effectivité de sa position, de son rang dans l’ordre protocolaire de la nation.
Après 10 ans au pouvoir, il est heureux d’inaugurer des camions scanner au port ou un immeuble servant de bureau de confection de documents administratifs (permis de conduire ou carte grise) avec une mobilisation de toute la population dans un folklore ennuyeux .Des cérémonies présidées sous d’autres cieux par des sous-directeurs de l’administration. Pendant ce temps, ses homologues du Sénégal, de la Côte d’Ivoire ou du Niger inaugurent des infrastructures de dernières générations, des hôpitaux, des établissements scolaires, des trains express régionaux, j’en passe. Quelle tristesse !
Alpha Condé n’a jamais arboré la tenue d’un homme d’Etat, qu’il ne sera jamais parce qu’il n’en a ni la culture ni l’éloquence, encore moins la stature. Il préside à une république dont il banalise les institutions et viole les lois. Voilà dans toute sa « grandeur » l’homme qui veut gouverner autrement.
Lansana Bangoura