Il s’en est fallu de peu que l’histoire ne se répète de l’investiture du Président-Grimpeur. En 2020, la date a été décalée d’un jour pour des raisons complexes de calendrier. Alpha Condé avait envisagé de prêter serment le 14 décembre. Alassane Ouattara, itou, et l’a même annoncé « le premier.» Compte tenu de la déficience chronique du Président guinéen en matière de rigueur constitutionnelle, en l’absence surtout de toute notion de droit d’aînesse, Alpha Condé n’a eu aucune peine à décaler sa cérémonie du 14 au 15 décembre. Il tenait à faire le voyage d’Abidjan. Pour exprimer de vive voix sa solidarité agissante envers son compère de 3è mandat. Peut-être profiter de l’occasion pour tancer le ministre français des Affaires Étranges, Jean Yves-le-Truand, qui choisit d’envoyer son Secrétaire d’État au Tourisme se promener à Cona-cris tandis qu’il représente en personne la France éternelle auprès de l’ami Alassane. Il convenait surtout de demander à celui-là la potion magique des félicitations de la part d’Emmanuel Macron. Comme si « 3è mandat n’est pas 3è mandat.»

Cette gymnastique du calendrier de prestation de serment rappelle étrangement le casse-tête guinéo-burkinabè d’Alpha Grimpeur, l’opposant historique le plus radical que la Guinée ait connu jusqu’à 2010. Qui a dû imposer une vie d’enfer au pouvoir de Fory Coco, au poing que celui-ci s’est trouvé pratiquement déficitaire dans la quasi-tous les domaines du développement. Au rendez-vous de l’hôtellerie par exemple, la Guinée qui s’offrait à Alpha, s’est présentée les bras ballants. Mais comme le dit l’adage de chez nous : « Quand tu creuses le trou de la trahison, ne l’approfondis pas outre mesure. On ne sait qui tombera dedans.» Conakry n’avait pas le moindre hôtel digne de nom. Voilà M. Condé dans l’embarras !

Élu président de la République dans les conditions que l’on sait, l’ancien président de la FÉANF ne pouvait, ne devait se permettre de bâcler sa cérémonie de prestation de serment. Il fait « une jonction » salvatrice avec Blaise Compaoré qui venait de se faire réélire président du Burkina Façon. Le topo s’est visiblement simplifié. Le Compadré de Sankara devait prêter serment le 20 décembre 2010. Les hôtes de marque invités à Ouaga ont été priés d’y passer la nuit et de se retrouver le lendemain matin 21 décembre à Cona-cris. Pour installer Alpha Condé dans son fauteuil pestilentiel. Dans la dignité recouvrée. Ainsi dit, ainsi fait. Les nombreux invités d’honneur auront été tout aise de quitter la capitale guinéenne avant la tombée de la nuit. Sans gêner personne. Il fallait y penser !

Seulement voilà. Le problème d’hébergement risque de ressurgir à l’occasion de la présidentielle de 2026. Si Cellou Dalein Diallo ne réussissait pas à l’emporter, Alpha Condé serait certainement à rééditer les acrobaties de 2010. Tous les hôtels de luxe, bâtis à grands frais sous son régime, relèvent des biens mal acquis. Le Grand Sheraton de Kipé et l’Hôtel Kaloum se dressent fièrement sur des terrains litigieux. Des voix s’élèvent déjà pour crier le holà. Les autres cinq étoiles de Cona-cris squattent tous le domaine maritime, inaliénable, de l’Etat. Comme Alpha a juré de tout assainir, on verra bien, n’est-ce pas ?

Diallo Souleymane