Ces derniers temps, trois opposants politiques ont trouvé la mort en détention, à la Maison centrale de Conakry. Leurs familles respectives dénoncent des cas de tortures et d’empoisonnement qu’auraient subi les victimes, tandis que le ministère de la Justice évoque des décès liés à des maladies. Cette série de disparition carcérale d’opposants a suscité indignations et condamnations, jusque dans les rangs des diplomates. La goutte d’eau de trop, le cas de Roger Bamba, membre de la jeunesse de l’UFDG, décédé le 17 décembre à Conakry de cirrhose, selon le département de la Justice, d’empoisonnement selon sa famille. Invité de l’émission les ‘’GG’’ du 21 décembre, Mamadi Kaba, le prési de la LIDDA, Ligue pour les droits et la démocratie en Afrique, n’a pas apprécié la version de la Justice. Pour lui, au-delà d’une autopsie qu’elle accorde à la famille Bamba de mener, la solution, soutient-il, réside dans l’ouverture d’une enquête indépendante. Car c’est ce qui «permettra de déterminer s’il y a un lien entre les conditions de détention et l’aggravation de la condition sanitaire du Roger Bamba. Mais aussi de savoir s’il y a eu des violations des droits humains et à quel niveau.»
Selon Mamadi Kaba, la Guinée n’a jamais été un bon élève dans le domaine du respect des droits humains, dans les prisons et que ce sont des pratiques héritées du passé. L’activiste affirme qu’il n’y a pas assez d’efforts pour changer cet état de fait. «Il y a beaucoup de détenus qui ne méritent pas d’être en prison. Ceux qui ont volé un bœuf peuplent les prisons, pendant que ceux qui volent le bœuf et tue son propriétaire se promènent. C’est une situation assez déplorable. On vit avec les bandits dans les quartiers, personne n’ose les dénoncer, puisque quand vous le faites, demain vous serez leur prochaine cible. Et même si on les arrête, quelques heures après, ils se retournent contre vous.»
Egalement invité à la même émission, Alya Diaby, le président de l’INIDH, Institution nationale indépendante des droits de l’Homme, soutient aussi la nécessité d’une enquête sur la mort de Roger Bamba. «Nous avons été informés qu’il a été référé à l’hôpital. C’est les médecins qui sauront nous dire, sur la base d’un dossier médical, ce qui s’est passé par rapport à son état. Il faut une enquête. Aussi longtemps, que l’on n’a pas établi le dossier médical de l’intéressé, toute prise de position serait complètement partisane et manquer de lucidité.» M. Diaby a exhorté les juges d’instructions à ne pas faire recours «systématique» au mandat de dépôt, de privilégier la liberté aussi longtemps que la culpabilité de l’intéressé n’est pas établie. En Guinée, plus de trois cents opposants au troisième mandat, croupissent en prison depuis des semaines.
Yaya Doumbouya