Le Conseil des Ministres du Niger a pris acte vendredi de la démission de 17 ministres du gouvernement pour aller battre campagne aux législatives. Le code électoral que les Nigériens prennent la peine de respecter rend les ministres inéligibles à l’Assemblée nationale faute de démission « acquise à compter de la publication de la liste des candidats par la Cour Constitutionnelle. »

Parmi les parytants, figurent deux ministres sans portefeuille servant au cabinet du Président Issoufou. Il s’agit de Hassoumi Massaoudou et Mouhoumoudou Mahamadou, et une grande partie du gouvernement, notamment des poids lourds du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme au pouvoir : le ministre des Affaires étrangères, Kalla Ankaraou, le ministre des Transports, Mahamadou Karidio et le ministre de l’Education, Daouda Marthé.

Mohamed Bazoum, candidat à la succession de Mahamadou Issoufou à la Présidence du Niger, a démissionné depuis le 29 juin de son poste de puissant ministre de l’Intérieur, pour entreprendre une grande campagne « de proximité » à la tête d’une spectaculaire caravane de 4X4. Probablement un peu moins longue que celle d’Ibrahima Kassory Fofana quand il entrait à N’zérékoré pour la pseudo-campagne du RPG au mois d’octobre dernier.

Abouba Albadé, ex-allié du régime affranchi de la tutelle rose, a également devancé ce mouvement de groupe mi-octobre pour partir en campagne à la tête de son parti Jamurryiah. Un deuxième décret a pris acte vendredi 11 décembre, de la démission de cadres de commandement soumis aux mêmes restrictions que les ministres pour se présenter à la députation. La liste en est également impressionnante. Et les Nigériens ont tout le loisir de se plaindre déjà de « la politisation extrême au plus haut niveau de l’administration nigérienne.» La directrice de cabinet adjointe du Président, le directeur de cabinet du Premier ministre, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et son adjoint, la directrice générale de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT), les gouverneurs de Dosso et Tahoua, 4 secrétaires généraux et adjoints de gouvernorats (à Dosso, Tahoua, Maradi, Diffa), 21 préfets, 6 secrétaires généraux de préfecture et 20 directeurs de services centraux ou régionaux sont ainsi entrés en campagne pour les élections législatives, qui se tiendront en même temps que l’élection présidentielle le 27 décembre.

Avec  Nathalie Prévost (Monafrique)