Dans quelques minutes (la cérémonie, selon l’agenda établi à propos, démarre à 12h 00 GMT), Alpha Condé va prêter serment pour son 3è mandat contesté. Un mandat qui est passé de 5 à 6 ans, selon la Constitution qu’il s’est taillée sur mesure le 22 mars dernier, s’offrant au passage une Assemblée nationale plus jaune qu’arc-en-ciel. Mais bon, passons ! Pour son investiture pour le 3è nambara, ses invités de marque (déposée), qui ne veulent pas se faire « Condé » l’événement arrivent en fanfare, carte de test négatif au Covid-19 en main. La cérémonie qui se déroulera dans un Palais Mohamed V (ancien Palais des Nations) très animé et sous botte surveillance, enregistre aussi l’arrivée de certains challengers d’Alpha Condé lors du scrutin présidentiel du 18 octobre passé.

Il s’agit notamment des docteurs Faya Millimono, bosse du parti Bloc Libéral et Ousmane Kaba, du PADES (Parti des démocrates pour l’espoir) qui a réagi avant la cérémonie d’investiture, en ces termes :
«Le PADES a reconnu la victoire du Professeur Alpha Condé. Je pense qu’il faut être un bon perdant, et l’inviter lui aussi à être un bon gagnant. C’est-à-dire un président qui va rassembler tous les Guinéens et qui va tous les défis pour ce peuple ». Êtes-vous prêt à travailler désormais avec Alpha Condé ? Vous êtes pressenti au poste de Premier ministre, qu’en est-il ? Kabako, Dr Ousmane se mure dans le silence.

L’autre adversaire et ancienne ministre des Affaires étrangères d’Alpha Condé, Makalé Camara, prési du FAN (Front pour l’alliance nationale), préfère répondre tout de suite que « la question ne se pose pas encore », pour dire qu’elle est prête à travailler ou non avec Alpha Condé. « On est pour le moment avec l’investiture », clame-t-elle. Et d’expliquer les raisons de sa présence.
« La Guinée est au-dessus de tout le monde. C’est un acte républicain si le Président de la République m’invite à son investiture. En tant que citoyenne, je pense que c’est mon devoir de répondre et de mettre la Guinée au-dessus de tout. Nous sommes à une investiture, ce qui signifie qu’il y a un Président qui va être officiellement installé aujourd’hui. Alors je pense qu’il faut sauter le pas, penser à la Guinée, à son développement, à son avenir ».

Pour le 3è mandat de son champion, le ministron Sanoussy Banatama Sow des Scores pense qu’Alpha Condé a lui-même indiqué les défis auxquels il fera face, après 10 ans de pouvoir. Et que « c’est pourquoi le peuple a « reconfié » les destinées de la Guinée » à Alpha Condé. Qu’est-ce qui pourrait donc changer ? Le ministre des Scores, exprimant son « immense joie », argue qu’Alpha Condé l’a lui-même dit: « C’est Gouverner autrement ». Pour le ministre des Sports, de la Culture (du manioc et du gombo) et du Patrimoine histo-risque, « gouverner autrement, c’est changer les mauvaises habitudes ». C’est tout dire des deux derniers mandats d’Alpha Condé à la tête de la Guinée.

En tous cas, entre autres défis, Alpha Condé devra faire face aux infrastructures routières fortement éprouvées à travers le pays, s’attaquer davantage à l’électrification du pays, le barrage hydroélectrique de Kaléta de 240 MW n’a pas permis à la capitale, Conakry, d’être encore alimentée en électricité en permanence. L’État de droit dans une Guinée aux nombreux problèmes de justice, l’emploi des jeunes, devraient être une priorité. S’y ajoute également la réconciliation des Guinéens, pour laquelle une Commission Provisoire nationale de réflexion, mise en place en 2011, a pondu un rapport en juin 2016. Mais ses 22 petites recommandations dont la création d’une commission-Vérité-Justice-Réconciliation, peinent toujours à être mises en œuvre. Le Mandela de Guinée n’a pas réussi à imiter son idole Sud-africain ni en démocratie ( Nelson Mandela n’a fait qu’un seul mandat de 4 ans) ni pour la réconciliation.

Mamadou Siré Diallo
Envoyé partial au Palais Mohamed V de Kaloum