Depuis des mois, transporter les marchandises de l’intérieur du pays vers Conakry est devenu un véritable casse-tête pour plusieurs vendeuses. Entre routes dégradées, tracasseries policières et longues distances, elles ne savent plus à quel saint se vouer. Les vendeuses de bananes plantains au marché de Tannerie communément appelé Mayalon, dans la commune de Matoto, tirent la sonnette d’alarme. «Chaque fois que nos fruits sont embarqués de N’Zérékoré pour Conakry, une grande partie pourrie avant d’arriver à destination. Les clients viennent acheter ce qui est bon. D’autres aussi achètent ce qui est moins bon, mais à bas prix, et on n’a pas le choix. Ce qui est pourri, la solution, c’est de jeter », explique Madeleine Gomou, une des vendeuses. Dans le marché, les poubelles sont bourrées de bananes pourries. Madeleine revient sur les causes: «La distance est longue et les routes sont dégradées. Normalement, les camions font trois jours sur la route pour arriver à Conakry. Au lieu de cela, aujourd’hui, ils passent une semaine sur la route à cause de leur dégradation, qui en fait un vrai calvaire pour les usagers.»
Face à la situation, les conducteurs de camions cherchent à se tirer d’affaire. Ils ont augmenté le prix du transport. Les femmes cotisent pour payer les frais de transport de leurs marchandises. «Actuellement, on paye 4 200 000 francs guinéens comme frais de transport par femme, au lieu de 2 000 000 avant».
C’est pourquoi les intéressées crient au secours. «Nous demandons à l’Etat d’améliorer nos conditions de travail à travers des infrastructures routières. On ne peut pas abandonner ce travail, parce qu’on n’a pas d’autres choses à faire. C’est pourquoi, nous attirons l’attention de nos autorités afin qu’elles puissent nous aider à avoir des routes praticables, avec moins de difficultés, pour que nous puissions mener nos activités dans de bonnes conditions.»
Pour savoir plus sur les réalités de la route, Mamady Traoré, l’un des chauffeurs réagit : « Actuellement, on sait que c’est la saison sèche. Malgré l’absence de la boue, la route reste toujours difficile à pratiquer, à cause de sa dégradation. Sur la montagne appelée Yombokouré, beaucoup de camions se renversent durant leur parcours. A Labota aussi, c’est la même situation. Les camions se renversent ou tombent en panne ; le tronçon Mamou-Faranah constitue un véritable calvaire pour nous chauffeurs ».
La reconstruction de la route Mamou-Conakry cause assez de difficultés aux chauffeurs, a ajouté Mamady Traoré : « Les travailleurs mettent les gros cailloux au lieu des petits; difficilement on roule dessus. Parfois, cela abime nos pneus et autres pièces de nos camions. C’est à cause de tout cela qu’on retarde sur la route; c’est pourquoi on a jugé nécessaire d’augmenter le prix du transport…»
Selon lui, ils sont victimes malheureusement des tracasseries policières tout au long de la route : « Les policiers nous fatiguent, à chaque barrage, ils nous réclament de l’argent pour la ‘’levée de barrage’’. Ils nous disent de ne pas rouler de 7h à 10h. Mais dès qu’il est 10h, ils nous réclament de l’argent, même si on a tous les papiers qu’il faut. Quand on arrive à l’entrée de Conakry, on ne circule librement qu’en payant un policier pour rester près de nous dans le véhicule, en vue d’éviter les tracasseries de ses collègues de la routière.»
Bailo Diallo