(Par Aïssatou Chérif Baldé in www.guineesignal.com)
L’élite dirigeante de ce pays tente depuis un certain temps de monopoliser l’information en durcissant le contrôle sur les médias: coupure d’internet, suspension des médias en ligne, poursuite judiciaire, emprisonnements. La tentation du régime guinéen devient de plus en plus grande, qui profite de cette période de crise post-électorale pour accentuer son contrôle sur l’information en Guinée. En ces temps-ci, toute critique devient inacceptable, répréhensible. L’affaire de « Nabayatage » est illustrative de cet état de fait.
Rien d’étonnant, car dans la Guinée de « l’opposant historique » Alpha Condé, le mérite, le courage, l’abnégation, le dévouement, même le succès sont fort mal récompensés.
Et c’est pourquoi plus que jamais dans ce pays, toutes les positions, toutes les dignités, toutes les distinctions semblent devoir appartenir exclusivement à la servilité, mais aussi et surtout à la médiocrité et l’incompétence. Ceux qui étaient hier pour l’instauration d’un système démocratique, le respect de la Constitution de 2010 sont devenus les détracteurs de la république, des cadres versatiles et des transhumants politiques.
Et dans cette Guinée d’une nouvelle ère des ténèbres, la promotion des idées les plus sombres peut passer sous le regard complaisant de la population. Ceci, parce qu’une grande majorité de ce peuple aime faire des personnes sorties de nulle part, c’est-à-dire ces opportunistes, fumistes, incompétents, médiocres; des héros, des modèles de société. Alors, pas étonnant que lorsque président, on rend la terre guinéenne fertile pour l’incompétence, la corruption, la médiocrité en y plantant par népotisme, par cooptation et ethnocentrisme politique, ce genre de ministres, qu’il y pousse donc des sous-dictateurs décidés de verrouiller la presse guinéenne. Car comme le disait l’autre, la liberté devient très dangereuse entre les mains incompétentes, corrompues.
Ainsi penser en tant que commis de l’État guinéen, en tant que ministre sans compétence, sans aptitudes interpersonnelles, sans humilité, sans conscience de soi, sans vertu, sans intégrité; que l’on peut se permettre de détourner l’argent du contribuable guinéen sans que la presse guinéenne consciente n’en fasse écho, c’est dévoiler sa rosserie. Aucun journaliste guinéen conscient, vertueux ne doit donc accepter d’être subordonné à l’incompétence, au népotisme, à la corruption, au despotisme, au manque d’audace, et à l’hypocrisie. Face à cette incompétence protégée au plus haut sommet de l’Etat, la presse guinéenne doit refuser de céder à l’intimidation, à la censure, car tant que l’incompétence est reine, le désordre restera roi et l’ennemi du talent en Guinée.
Tout esprit rationnel sait qu’on ne peut pas passer sous silence un sujet aussi crucial que celui du problème d’un présumé détournement de fonds publics de 20 millions d’euros pour tout simplement faire plaisir à la princesse du monarque sans couronne alors que la population guinéenne vit dans une pauvreté extrême.
Ce combat de la presse doit être irréversible et soutenu, car depuis deux décennies, l’espace social guinéen offre le spectacle d’une société synonyme de corruption, d’instabilité, de violence, de répression et d’insécurité. Les crises, qu’elles soient socio-économiques, politiques, se suivent et se ressemblent (2003, 2006, 2007, 2009, 2010, 2015,2019 à nos jours) au point où il serait suspect de vouloir envoyer au banc des accusés, celui qui oserait dénoncer ces ministres corrompus, incompétents ou qui qualifierait cette société de « crisogène » en échange de société de merde.
De la contestation régulière des élections irrégulières, frauduleuses, à la défiguration de la démocratie, aux scandales de corruption récurrentes, et sur lesquels se greffe une situation de dégradation sécuritaire, toujours vivace dont l’aspect le plus visible demeure la violence exercée sur les militants de l’opposition politique, la société guinéenne ne se trouve pas loin d’une désagrégation.
Que fait, que dit l’État, si État y’en a encore?
Face à cette corruption chronique et aiguë au sein de l’administration guinéenne, au déploiement de la pauvreté extrême de sa population, la destruction de l’environnement dans les zones minières du pays, l’État se montre absolument dépassé et incapable.
Dans cette éventualité, l’État guinéen n’est qu’un État défaillant. Car, par définition« Un État est défaillant lorsqu’il se trouve dans une situation de faillite financière dans laquelle il n’est plus en mesure de régler les intérêts de sa dette ; ou au sens où il ne parvient plus à assurer ses fonctions régaliennes ». C’est-à-dire un État qui ne remplit pas les fonctions régaliennes essentielles en matière d’ordre public, de justice, qui renvoie donc à l’impossibilité des autorités nationales de garantir le fonctionnement normal des institutions étatiques, le maintien de l’ordre public et de l’État de droit. L’État guinéen est donc par essence le reflet exact de cette définition, donc défaillant.
Et c’est pourquoi, plus que jamais, la presse guinéenne ne doit céder à son droit de dire, d’écrire ce qui est, dans le respect de la déontologie de ce métier. Ce droit demeure celui de tout homme libre dont on saurait le priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse. Cette liberté est la base de toutes les libertés puisque c’est par là qu’on s’éclaire mutuellement.
Donc soutenons et protégeons-là et en dépit de l’artificieuse politique avec laquelle les sous-dictateurs, les incompétents protégés du régime guinéen se sont ligués contre la liberté d’expression. Osons alors à travers cette liberté de dire et d’écrire ce qui est pour dévoiler leur vues perfides, la marche tortueuse de leur tyrannie au nom des lois qu’ils ont faites eux-mêmes pour protéger leurs crimes ! Ils seront contraints de reculer à chaque pas ou de venir se briser contre la force invincible de l’opinion et de la volonté générale. Sans cela, cette aventure ne s’arrêtera jamais. Ce genre d’agissement de ces incompétents protégés au plus haut sommet de l’Etat, cette dictature d’une poignée de gens qui étouffe déjà la vie politique dans tout le pays continueront, puisque les Guinéens aiment les imposteurs, les opportunistes, les incompétents et les médiocres. La médiocrité, l’incompétence ne veulent pourtant rien supporter de grand, elles ressemblent à ce tyran qui ajuste tous les hommes à la mesure de son lit. Et la plupart des ministres guinéens et les commis de l’État guinéen, ces ennemis de la liberté de la presse ressemblent à ce tyran. Ils sont en effet, les ennemis de la liberté de la presse, parce qu’ils ont quelque chose à cacher et veulent passer par la censure et l’intimidation pour dérober au public guinéen leurs manœuvres, leurs crimes financiers, leur incompétence et médiocrité.
Espérons que le temps qui est comme un crible capable de trier les réputations, jettera un jour tous ces valets de toute espèce, trimbalant avec eux des sacrées casseroles, une mémoire anarchique et archaïque avec un esprit étroit dans la poussière. Tout en n’oubliant surtout pas cette autre classe politique antidémocratique, versatile, transhumant politique, ces opposants éternels, mauvais sans audace, aux tendances narcissiques et égocentriques; pour que vive la Guinée éternelle et que l’État guinéen puisse enfin avoir une âme.
A C B