Le procès de Souleymane Condé, Youssouf Dioubaté et de Roger Bamba s’est poursuivi ce mercredi 30 décembre, au Tribunal de première instance de Dixinn. Souleymane Condé, ancien responsable du FNDC aux États-Unis d’Amérique, aujourd’hui président du mouvement Diversité républicaine de Guinée (DRG) et son ami Youssouf Dioubaté sont accusés de production, diffusion et mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler la sécurité et l’ordre publics. Des faits prévus et punis par les articles 31 et 32 de la loi relative à la cybercriminalité sécurité et la protection des données à caractère personnel. Pour Roger Bamba, décédé, le parquet de Dixinn déclare l’action publique éteinte. C’est plus simple, non ? L’audience de ce mercredi est consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries de la défense.
Comme dans tous les dossiers concernant les opposants au changement constitutionnel, le ministère public n’a pas fait dans la demi-mesure. Il a exprimé son souhait de voir le séjour des prévenus se prolonger à la Maison centrale de Conakry : «Nous avons des éléments qui nous permettent de demander des condamnations. Le ministère public tient absolument à ce que des condamnations interviennent ». Ces preuves que le procureur a évoquées, ce sont les publications que Souleymane Condé aurait faites sur sa page Facebook. «Les propos de Souleymane Condé sont très graves. Cette mine candide qu’il présente aujourd’hui n’est pas sincère. Souleymane Condé est un danger public… Il est dangereux pour la société, il veut déstabiliser le pays, amener les gens à se révolter, à l’insurrection. Sa place est en prison », martèle Sidy Souleymane N’Diaye. «Ces propos» sont des Kalachnikov qui exterminent toute la bonne gouvernance mise en place par le régime du Président-Grimpeur. Elle a cabossé toutes les routes du pays, asséché tous les robinets de la SEG, ruiné tous les efforts déployés pour rendre urgentes les prises en charge rapides des malades qui peuplent nos hôpitaux. C’est pourquoi, cette loi sur la cybercriminalité est une chance pour la Guinée. Si elle n’existait pas, il aurait fallu l’inventer.
Pour ce qui est de Youssouf Dioubaté, le ministère public affirme que celui-ci «a exprimé vivement son affection pour Souleymane Condé. Il a apprécié les publications que ce dernier a faites, il les a partagées ». Ce crime est également mortel.
Sidy Souleymane N’Diaye demande donc au tribunal de retenir les prévenus dans les liens de la culpabilité : «A aucun moment, les prévenus n’ont regretté leurs actes. C’est pourquoi, nous vous demandons de condamner Souleymane Condé et Youssouf Dioubaté à 5 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 300 millions de francs guinéens.» Mais, oui ! Avec tout le péril que ces prisonniers politiques représentent, ce montant ne saurait être que dérisoire.
La parole est actuellement à la défense pour les plaidoiries.
Yacine Diallo