Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a eu la main lourde dans ses réquisitions contre Souleymane Condé, président de la DRG et son ami Youssouf Dioubaté. Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont demandé la relaxe pure et simple. Ils se sont attelés à détricoter un par un les arguments du parquet. L’ancien bâtonnier, maitre Mohamed Traoré, s’est d’abord insurgé contre la manière dont Roger Bamba, mort en prison, a été conduit devant la justice : «Il a échangé avec un adversaire politique sur Messenger. Comment le parquet peut-il parler de diffusion quand la conversation est privée ? Roger Bamba est mort par la faute de ceux qui sont censés le protéger.» Et Me Salifou Béavogui d’ajouter : «Roger est mort à cause de la lenteur inexplicable de la justice.»
Youssouf Dioubaté, lui, est traduit devant le tribunal pour les mêmes faits que Souleymane Condé, alors qu’il n’a pas partagé les publications de ce dernier comme le prétend le ministère public. Il aurait simplement déclaré au juge d’instruction qu’il appréciait ce que son mentor publiait sur les réseaux sociaux : «Qu’est-ce que Youssouf Dioubaté cherche à cette barre ? Qu’est-ce qui motive sa détention ? Il a été au mauvais endroit au mauvais moment. Sa seule infraction est le fait d’être dans le véhicule de Souleymane Condé au moment de l’arrestation de celui-ci. Il ne devait pour aucun motif arriver à la barre ici», insiste l’ancien bâtonnier.
Sur les propos de Souleymane Condé, Me Traoré dit n’avoir vu aucune infraction : «Nous sommes dans une démocratie et non dans un royaume. Dans notre système, le Président de la République descend dans l’arène politique, il donne des coups. Quand il donne les coups, il doit en recevoir. Il n’est pas à l’abri de certaines expressions. A moins de vouloir condamner des prévenus pour faire plaisir, il n’y a pas d’infraction.»
Maitre Thierno Souleymane Barry demande à la présidente du tribunal de ne pas se laisser influencer par le parquet. «Le seul problème de Souleymane Condé, c’est parce qu’il a rêvé d’un pays démocratique. Cette procédure ne devait pas aller loin, parce que vous avez devant vous des personnes innocentes. Ne suivez pas le parquet sur ce chemin tortueux de l’histoire».
A la fin des plaidoiries, Souleymane Condé a réclamé sa libération. «Je ne suis pas coupable parce que les propos que j’ai tenus ne constituent pas une menace. Peut-être que j’ai fait des erreurs dans ma communication, mais je ne suis pas quelqu’un qui fait du mal.» Quant à Youssouf Dioubaté, il continue de se poser des questions sur les raisons de sa détention.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 13 janvier prochain. Bon’nanée !
Yacine Diallo