Le Président Alpha Condé a été investi mi-décembre pour un 3e mandat de six ans à la tête de la Guinée. Un nouveau mandat obtenu après un tripatouillage constitutionnel et les assassinats des dizaines personnes dans les rangs de l’opposition et du FNDC. Outre ces cas de morts, des centaines de personnes sont incarcérées dans les différentes prisons du pays. Parmi elles, les responsables de l’UFDG, du FDNC. Ousmane Gaoual Diallo, Ibrahima Chérif Bah, Abdoulaye Bah, Cellou Baldé, Etienne Soropogui (Nos valeurs communes), Ismaël Condé ou encore Oumar Sylla dit Foniké Menguè, responsable antennes et mobilisation du Front. La liste n’est pas exhaustive.
La situation de ces prisonniers gardés jusque-là sans aucune forme de procès, commence à inquiéter au-delà des frontières guinéennes. De passage à l’Assemblée nationale française, Jean-Yves Le Drian, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a été interpellé par un député sur la situation politique et judiciaire en Guinée. Thomas Rudigoz dénonce des détentions arbitraires : « Les affrontements entre les contestataires du résultat de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier et les forces de l’ordre guinéennes ont provoqué la mort d’une cinquantaine de civils. Depuis ces affrontements, de nombreuses personnalités de l’opposition et de la société civile sont détenues arbitrairement. Selon le procureur de la république guinéen, ces personnalités sont accusées d’avoir pris part aux graves violences qui ont eu lieu en marge de l’élection présidentielle. Parmi les faits reprochés, figurent des menaces, la détention et l’usage d’armes (dont des armes de guerre) ainsi que la participation à des assassinats ».
Thomas Rudigoz rappelle qu’Emanuel Macron lui-même avait regretté tant la modification constitutionnelle de mars 2020, que les irrégularités entourant le scrutin présidentiel du 18 octobre dernier : « Il a ainsi appelé M. Alpha Condé, réélu dès le premier tour pour un troisième mandat à l’âge de 82 ans, à œuvrer en faveur de la réconciliation de tous les Guinéens, dans un souci et un esprit de dialogue, de consensus et de respect de l’État de droit ».
Il demande à Jean-Yves Le Drian les dispositions que la France est en train de mettre en place pour œuvrer à la libération des prisonniers politiques et ramener la Guinée sur la voie de la démocratique : « Compte tenu du déploiement d’un dispositif sécuritaire inédit en Guinée, de l’interdiction des manifestations, même pacifiques, et des expéditions punitives menées dans certains quartiers de la capitale, Conakry, comment la France entend-elle faciliter la libération des opposants politiques et accompagner la Guinée dans un processus d’apaisement démocratique, que le peuple guinéen attend depuis fort longtemps ? La question est de taille.
Yacine Diallo