Le Prési Alpha Grimpeur a entamé mi-décembre son 3è mandat de 6 ans. Un nouveau bail obtenu à l’issue d’un rude bras de fer entre lui et une bonne partie des acteurs de la classe politique et des organisations de la société civile guinéenne opposées à la réforme constitutionnelle. Des morts, des blessés, des arrestations, des dégâts, il y en a eu un peu partout à travers le bled. Cela n’a pas empêché le Grimpeur de se cramponner à son fauteuil. Les sélections et leur cortège de malheur terminés, bien des acteurs, au départ farouches opposants au 3è mandat, semblent courber l’échine. Ils n’ont jamais voulu reconnaître la victoire du Grimpeur. Maintenant, tout cela semble un lointain souvenir. Dans son adresse à la nation, Alpha a réaffirmé sa volonté de «travailler avec tous les Guinéens de bonne volonté et animés de bonnes intentions pour la Guinée et les Guinéens.»

Désormais, les opposants sont tous ou presque prêts à aller «autour de la table pour un éventuel dialogue.» Sans conditions, même l’épisode de la nouvelle Constitution est derrière nous. Le clan pestilentiel réussit  même peu à peu à rallier à sa cause ses opposants : à commencer par le Sid de l’UFR, ancien Haut Représentant (partout et nulle part) du Chef de l’État. La séparation avec le Grimpeur a été douloureuse, et ce dernier et son clan se sont employés, ces derniers temps, à détricoter l’UFR, en envoyant plusieurs cadres du parti à la soupe. Le Sid est tout de même prêt à tenter encore sa chance : «Il faut que les choses soient mises au point. La décision de l’UFR va en droite ligne de la nécessité de privilégier une concertation responsable des acteurs des forces vives pour engager le pays dans une voie d’apaisement qui permettrait de trouver les voies et moyens de résoudre de manière durable, la crise globale que la Guinée connait aujourd’hui.» Il y a aussi le Faya du BL, Lansana Kouraté, l’Amadeus Bah Oury, les candidats à la présidentielle du 18 octobre. Ils sont totalement disposés à passer l’éponge. Une illusion, estime Koundouno : «Un dialogue avec un despote est peine perdue et sans issue, qui n’a que pour rêve de mourir aux affaires… Son départ du pouvoir pour haute trahison contre le peuple de Guinée et la fin de sa prise en otage du pays demeurent l’objectif final du FNDC.»

Quid de La Petite Cellule Dalein Diallo? Tout comme le FNDC, le président de l’UFDG ne veut pas entendre parler de dialogue avant la reconnaissance de sa «victoire.» Mais il ne conjugue pas le même verbe avec le Front depuis sa décision d’aller à l’élection. Il s’est autoproclamé, vainqueur de la présidentielle du 18 octobre. Mais les lendemains ont déchanté. Son siège, ses bureaux sont sous scellés. Ses principaux lieutenants, à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie, ses militants de la plupart des quartiers de Cona-cris, dans la nature. L’opposant  persiste : «Rien ne nous fera reculer. Au contraire, les menaces, les intimidations, la répression aveugle ne feront que renforcer notre détermination à mener le combat jusqu’au bout. Combat pour la vérité des urnes, combat pour les libertés, combat pour le respect des droits de l’Homme, combat pour l’unité pleine et entière de notre nation. Nous réaffirmons notre disponibilité à nous unir à toutes les forces patriotiques, qu’elles soient issues des partis politiques, de la société civile ou des syndicats, pour lutter par tous les moyens légaux contre la dictature et ses inévitables corollaires : la division, la répression, la corruption, l’impunité et la misère.» Mais force est de constater qu’il est de plus en plus seul dans cette voie. Il est le seul qui continue à parler de la présidentielle du 18 octobre. Il est entre deux fronts : des opositions se retournent contre lui. La mouvance, on n’en parle pas. La plupart de ses anciens collaborateurs sont désormais déterminés à faire le pas…vers la mouvance pestilentielle. Au grand dam de l’UFDG et de ses militants. C’est cela  aussi la politique en Guinée.

Yacine Diallo