La formation du gouvernement  Kassory Fofana, fait couler encre et salive au sein de la classe politique.  Mamadou Baadiko Bah, président de l’Union des forces démocratiques, UFD, pense que c’est la montagne qui a accouché d’une vilaine souris, car il ne voit pas le sens du slogan «gouverner autrement», du président Alpha Condé.

«C’est un accouchement difficile. On nous a promis de gouverner autrement mais on reconduit les mêmes. C’est le changement dans la continuité. C’est un mouvement surplace.  Un président de la République qui est triomphalement élu pour son troisième mandat et qui n’est même pas en mesure de faire son gouvernement dans des délais acceptables, ça nous interpelle tous. Ça veut dire en réalité qu’il règne, mais ne gouverne pas. Ceux qui gouvernent, sont les clans plus ou moins mafieux qui sont autour et qui gouvernent à sa place. Celui qui est élu n’a pas les moyens de décider. C’est extrêmement grave que le président de la République n’ait pas les moyens de nommer son gouvernement et que ça traîne indéfiniment».

Baadiko estime que la promesse du Président de gouverner autrement est loin de tenir. «Je ne vois pas comment faire une politique différente avec les mêmes éléments. Certains sont là depuis au temps du PUP, soupçonné comme prédateurs mais aussi impénitents. En plus, le Premier ministre, depuis mai 2018,  doit nous présenter son bilan. En quoi, peut-il avec Kassory, gouverner autrement ? On n’a eu aucun changement puisqu’apparemment, le président de la République qui a proclamé sa volonté de changer n’en est pas capable, et le plus grave c’est qu’on a des problèmes d’éthique ».

L’opposant déplore le fait que Djenab Dramé, ministre de l’enseignement technique soit reconduite à son poste alors qu’elle est soupçonnée de détournements. « Dans n’importe quel gouvernement du monde, on ne peut accepter des gens qui traînent une condamnation, c’est impossible. Lorsqu’elle est venue à l’Assemblée nationale, nous avons fait preuve de retenue. On s’est dit de laisser l’affaire entre les mains de la justice. Aujourd’hui, elle est confirmée dans le gouvernement. Cela  veut dire que le Président de la République a déjà jugé, il lui a renouvelée sa confiance. Maintenant, quel juge va oser la condamner au bout d’une enquête positive en matière de détournement ?», s’interroge-t-il.

Mamadou Baadiko Bah dit que s’il était nommé Premier ministre, il ne pourrait pas travailler dans ces conditions : « Dès que j’ai appris la rumeur de ma nomination au poste de premier ministre, le reflexe que j’ai eu a été d’aller au village avant qu’on ne fasse un quelconque décret me nommant. La logique était qu’on demande mon avis. Mais, je pense qu’Alpha Condé n’est pas Lansana Conté, qui nommait les gens sans les consulter. Mais de toute façon, je n’aurais pas accepté. Et si j’acceptais, je mettrais des conditions. Tout le monde sait que gouverner autrement ne fait pas bon ménage avec la corruption, l’enrichissement illicite, la gabegie et le laxisme. Et si quelqu’un prend le risque de me dire viens t’occuper de telles choses, il connaît d’avance les conditions et comme le régime ne peut pas accepter ce genre de condition, ils n’ont pas besoin de nous. Et si on accepte cela, cela veut dire qu’on est complice et nous ne voulons pas, devant l’histoire, répondre de ce qui est en train de se passer aujourd’hui».

Kadiatou Diallo