A l’occasion de la visite de travail que lui a rendue le numéro deux malien, le colonel Goïta, le Président Grimpeur a encore ouvert la bouche pour décevoir. Non seulement il a parlé à la place de son hôte, mais il lui a posé des questions inappropriées, dans des termes qui le décrivent lui-même, le dévoilent, l’exposent, le condamnent, le livrent, pieds et poings liés, au désarroi, au désespoir du Guinéen lambda. Il dit ceci : « Évidemment, la situation au Mali s’est compliquée quand Moussa Koufa est rentré. Parce qu’aujourd’hui en Guinée, je peux empêcher un Touareg de rentrer, c’est facile. Mais comment je peux empêcher un Peulh ou un Bambara de rentrer sur le territoire guinéen ?
Une simple question rhétorique, voilà le roi tout nu. Le n0 2 malien a dû relever la bourde en silence. A moins qu’Alpha n’ait des problèmes supplémentaires avec un certain capitaine Dadis Camara, les Maliens, eux, ne connaissent de Moussa turbulents que celui que leur a filé leur hôte guinéen. Jusqu’à preuve du contraire, le djihadiste qui dirige la Katiba Macina s’appelle Amadou Koufa. Tout simplement. Nul besoin d’émarger dans un réseau terroriste pour le savoir.
Mais, puisque Amadou Koufa est peulh, les Peulhs des ghettos de Conakry sont tous des terroristes. De Gnariwada à Kagbelin, en passant par Bambéto, Cosa, Wanindra. Ce sont de redoutables criminels, des djihadistes hors du commun, d’honorables membres de l’AZAWAD, d’AQMI, d’Al MOURABITOUN. Ce sont eux les assassins des policiers de Damantang. Ce sont eux les dirigeants, les PDG des usines d’armement que traquent les FDS. Ce sont eux que Sidy Souleymane N’Diaye présente si gentiment à la réception de l’hôtel 5 étoiles de Coronthie. Ce sont eux qui troublent le sommeil des gens de Dabola quand, ils sont en escale forcé à destination de Kankan. Ils quémandent bruyamment à boire du fond des camions militaires bâchés qui les transportent, comme si on pouvait mourir de soif en pleine nuit tropicale. Il s’en est fallu de peu qu’Alpha ne parle un peu trop.
Mais le voilà qui ajoute sans gêne : « Ce qui complique la situation aujourd’hui, c’est que ce sont les populations autochtones elles-mêmes qui se battent. Comment peut-on imaginer que les peulhs et les dogons qui vivent depuis des siècles ensemble s’entretuent ? Ou que les peulhs ou les Mossis qui vivent depuis des siècles se battent ? Donc, nous devons sérieusement réfléchir et que les africains prennent leur responsabilité. » Sûr que ces populations sont nées belliqueuses. Elles s’entretuent parce qu’elles sont méchantes, ingrates. Elles n’ont même pas commencé par constituer des groupes d’autodéfense pour se protéger contre les exactions de ceux qui auraient dû les protéger. C’est à tort qu’elles accusent l’armée et la police de banditisme, de barbarie, de sauvagerie à la limite. Quelle ingratitude ?
Heureusement que le Président Condé est là pour sauver les pays où règne le terrorisme : « La Guinée est à leur disposition, dit-il. C’est à eux de décider, nous on les accompagne…. Mais la Guinée sera toujours à leur disposition et moi aussi je le serai parce que j’ai quand-même plus d’expérience qu’eux… » Une expérience formidable, acquise dans les fins fonds des « Roundés » au Fouta, dans les divers quartiers de Macenta et de N’Zérékoré, sur le chemin de Zogota, de Kaporo-rail, et j’en passe. Certainement que le colonel Assimi Goita n’a pas bien tendu l’oreille. Il aurait entendu des coups de feu de joie retentir du quartier Kankankoura dans le Nabaya profond. Au moment même où Alpha lui parlait. Mais, oui !
Diallo Souleymane