Revenons un peu sur quelques aspects du souhait ardentformulé par Dr. Mohamed Diané de voir le RPG survivre à Alpha Condé. Le ministre de la Défense s’est exprimé la semaine passée à Kankan à l’occasion de la mission de reconnaissance et de remerciement du parti à ses militants du Nabaya, auteurs, selon eux, de la victoire du Président Grimpeur au triple scrutin législatif, référendaire et présidentiel de 2020. Il a demandé de « tout faire pour que le RPG ne finisse pas comme le PDG et le PUP. »
Force est de reconnaître que le numéro 2 du parti pestilentiel a surpris plus d’un par la brutalité relative du langage et la clarté du message. La rumeur habituelle avait donné à la mission un double objectif : remercier Kankan en surface, préparer l’après-Alpha en sourdine. Partis de Cona-cris, renforcés jusqu’à Bamako, « les bruits sur ces préparatifs » se sont répandus comme une trainée de poudre avant de prendre un caractère officiel de la bouche même de l’émissaire.
Force est de reconnaître également que face à l’histoire des successions à la présidence guinéenne, nous sommes devant une première. Le PDG était dans l’impossibilité d’envisager des démarches en vue d’une quelconque succession à Sékou Touré. Le règne de la terreur et l’égo surdimensionné du président terroriste ne le permettaient guère. Côté cour, personne n’était suffisamment fou pour oser penser à la mort du Tyran. Côté jardin, Sékou ne devait pas l’avoir envisagé dans un proche avenir. Ses dernières prouesses de Mamou en disaient long sur sa détermination à nettoyer la vermine de la contre révolution dès son retour du Maroc où il s’était rendu pour préparer le sommet de l’OUA à l’issue duquel il serait devenu le plus puissant président de l’Organisation continentale. Au moins pour une année encore. Mais, il n’était rentré à Conakry que pour continuer sur Cleaveland, le tombeau, non pas de l’impérialisme, mais du père de la révolution guinéenne. C’est des mains de la police que la clé de son bureau a été récupérée. Tout un symbole.
Surgit alors un colonel de l’armée martyre, Lansana Conté, pour effacer en un jour l’image grimaçante du tyran et les mythes de son régime. L’adage le dit : à chacun son tour chez le coiffeur. A la mort de Fory Coco, aucune mesure connue n’avait été prise pour assurer sa succession. L’histoire montrera un jour peut-être que Conté, non la constitution, avait désigné ses successeurs. Dès son dernier soupir le 8 décembre 2008, la première Première Dame aurait averti les jeunes loups de l’armée, Dadis et Sékouba notamment, que l’heure H avait sonné pour enterrer la constitution et assurer la succession. Apparemment, ces deux-là avaient déjà pris un minimum de précautions, celles d’écarter en douceur la vieille garde de la Grande Muette et se partager le gâteau. Au plus gradé des généraux, ils ont demandé de jouer tous les Toto possibles pour sécuriser Kaloum où, la dépouille mortelle du Général – Président bien au frais, il n’y avait rien au village. Au Premier Ministre, ils ont lancé l’intox de la poursuite. Ahmed Tidiane a passé sa Soirée à courir. Pendant que Sékouba et Dadis s’emparaient du pouvoir par la radio. Pour se séparer deux ans après. Peut-être pour de bon.
Arrive Alpha et ses illégalités légendaires, probablement avec la décision de ne pas en repartir vivant. Sa porte d’entrée, le RPG Arc-en-ciel, bat de l’aile sous ses yeux. « Pendant 20 ans, constatent les rares militants avisés que compte encore le Parti, nos structures sont dirigées par les mêmes personnes, du BPN aux sections, pas de renouvellement des instances, pas d’innovation dans la gestion, pas de reddition des comptes…» Dr.Diané a beau parler clair, il ne trouvera pas la solution par des cancans. Il fait partie du problème. Probablement sans le savoir. M. Jourdain de la politique, ça vous dit ?
Diallo Souleymane