Au lendemain de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, de violents affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les militants de l’opposition, notamment de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) qui clame sa victoire. Plus de 48 morts, côté militants, 6 morts côté forces de l’ordre, des blessés graves et des dégâts matériels importants, plus de 400 arrestations, dont des cadres de l’UFDG. La violence a duré plusieurs jours au point que dans certains quartiers, les risques d’affrontements généralisés ont été réels. De nombreuses personnes en avaient été victimes. Ainsi, le ministre de l’Administration du Territoire, Bouréma Condé, est apparu sur le petit écran pour annoncer la réquisition de l’armée pour ramener le calme dans la cité. Les jours qui ont suivi le déploiement de celle-ci sur l’axe Hamdallaye, Bambéto, Coza, Cimenterie Kagbelen, les forces de l’ordre se sont donné la liberté d’entrer dans les quartiers nuitamment pour kidnapper  tous ceux qui étaient supposés être des militants de l’UFDG. Indexés qu’ils étaient par des militants zélés du RPG de ces quartiers. Ils ont subi des bastonnades accompagnées d’autres traitements inhumains. L’on apercevait souvent des jeunes menottés et entassés dans les pick-up de l’armée conduits vers des commissariats, des gendarmeries, voire même des destinations inconnues. La chasse aux opposants était telle que de nombreuses personnes ont carrément quitté leurs domiciles pour chercher refuge ailleurs. En tout cas, les nuits auront été encore plus difficiles que d’habitude pour les habitants de l’axe suite au déploiement de l’armée. Même si jusqu’à présent arnaques et abus continuent sur les citoyens, maintenant on constate une certaine accalmie et un peu moins de répression.

 Avec le soutien aveugle de l’armée, des institutions inféodées (Commission Electorale Nationale Indépendante, Cour Constitutionnelle), Alpha Condé a obtenu son 3ème mandat. Maintenant qu’il a été investi et installé à Sékhoutouréyah contre la volonté d’une grande partie de la population, pourquoi maintenir ces militaires aux portes des domiciles de citoyens censés être libres de leur mouvement ? A-t-il été démocratiquement élu, le président Condé ? Souffre-t-il  encore de légitimité populaire ? Peut-être que l’argument serait la mise en place du « nouveau » gouvernement.

En attendant, le cantonnement des forces de défense et de sécurité coûte cher  au contribuable guinéen à travers des primes journalières de plus en plus difficiles à justifier. La présence des militaires ne rassure pas non plus les citoyens, encore moins de probables investisseurs sérieux pour contribuer au développement du pays. A moins que nous  soyons dans une junte militaire dirigée par un civil.  Que ces militaires rentrent au camp !

Ibn Adama