«Erdogan a promis de me faire payer le prix et il essaye maintenant de le faire. On assiste à la déchéance de la justice en Turquie», a-t-il ajouté. Recep Tayyip Erdogan avait confirmé lors d’une visite à Berlin en septembre 2018 vouloir l’extradition du journaliste, l’accusant d’être un «agent» ayant divulgué des «secrets d’État». En février 2016, le président Erdogan s’en était violemment pris à la Cour constitutionnelle, plus haute autorité judiciaire du pays, après qu’elle a ordonné la libération de Can Dündar pendant la durée de son procès, après plus de 90 jours en détention provisoire. C’est une décision insensée et ignoble qui confirme que le régime du président Erdogan ne sait pas s’arrêter dans sa fuite en avant autoritaire», a réagi au verdict Pauline Adès-Mével, rédactrice en chef de RSF qui considère que le cas de Can Dundar «illustre au plus haut point l’acharnement judiciaire que subissent les journalistes en Turquie». «Que peut-on penser d’un système judiciaire qui condamne des journalistes à d’aussi lourdes peines simplement pour avoir fait leur travail?», s’est interrogé de son côté le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes Ricardo Gutiérrez.
Atteintes à la liberté de la presse
Mais le directeur des communications à la présidence turque Fahrettin Altun, a affirmé que «présenter Can Dündar comme un journaliste – et sa condamnation comme une atteinte à la libre expression – est une insulte aux vrais journalistes». Pendant son procès, Can Dündar avait échappé à une attaque à l’arme à feu devant le tribunal d’Istanbul. L’auteur des tirs avait été condamné à dix mois de prison. Outre la peine de prison annoncée mercredi, la justice turque avait ordonné en octobre la saisie des biens de Can Dündar et le gel de ses comptes bancaire Cumhuriyet, le plus ancien quotidien en Turquie, n’appartient pas à un grand groupe d’affaires, mais à une fondation indépendante, ce qui en fait une cible facile pour les autorités.
Ainsi, un tribunal turc a maintenu en novembre 2019 les condamnations, prononcées en 2018, de 12 ex-collaborateurs et dirigeants du journal à des peines allant jusqu’à plus de huit ans de prison pour avoir «aidé des groupes terroristes», à savoir le réseau du prédicateur Gülen et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).