Le procès en appel de Boubacar Diallo alias Grenade a repris le 19 février, à la Basse-cour d’Appel de Cona-cris. Le militant de l’UFDG, accusé par le parquet du tribunal de première instance de Dixinn, de tentative de meurtre et de détention illégale d’armes de guerre, s’est vu condamner en première instance à 10 ans d’emprisonnement avec une période de sûreté de 5 ans.
L’audience a été consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries de la défense. Pendant près d’une heure, le pro-crieur, Mohamed Kaba, a cherché à démontrer que Boubacar Diallo est un : «Homme violent. Au cours d’une cérémonie funéraire, en dépit des conseils qui lui ont été donnés par son leader, il s’est rendu au niveau de l’ancien siège du RPG (Hamdallaye). Il y a eu altercation entre son groupe et les forces de l’ordre. Il a été blessé, mais a réussi à sortir du pays. Une procédure a été ouverte et à son retour il a été arrêté. Boubacar Diallo se dit pacifiste, mais il dégage un autre personnage. C’est un amateur des tenues militaires, il s’est pris en photo avec une arme devant le domicile de son leader. Il n’est pas militaire, mais il a une arme, il a tiré sur les gendarmes. Il a été dénoncé par les gendarmes anciennement postés devant le domicile de son leader».
Le procureur a indiqué que les motifs invoqués par les avocats de Grenade, tant sur la culpabilité que sur la peine, ne seraient pas fondés : «Il a de la chance, il n’a pris que 10 ans, il peut s’estimer heureux. Il n’y a donc pas lieu de casser ce jugement parce que le juge a fait une saine application du droit».
En interjetant appel, les avocats de Boubacar Diallo avaient insisté sur la peine particulièrement lourde qui, selon eux, n’avaient rien à voir avec les infractions qu’on pourrait reprocher à leur client. Ils rouspètent surtout contre ce que le parquet a appelé ‘’éléments de preuves’’ pour établir sa culpabilité. Me Mohamed Traoré crie à un montage : «C’est un dossier véritablement politique. On fait croire à la Cour et à l’opinion que Grenade a une arme, c’est archi faux. Les photos qui circulent ont été prises à la brigade de recherche de Matam. Est-ce que vous allez condamner ce jeune à cause d’une arme que vous n’avez pas vue ?» Et de mettre en doute les témoignages à charge des gendarmes à l’encontre de Boubacar Diallo : «Je ne crois même pas que ces gendarmes existent. Et si c’était le cas vous saviez pertinemment en les faisant venir à la barre, ils allaient être poursuivis pour faux témoignage, ils mentent, ce sont des menteurs».
Grenade est en prison depuis maintenant trois ans. L’affaire serait partie, selon le parquet de Dixinn, d’une altercation en 2016 entre un groupe de gendarmes postés devant le siège du RPG arc-en-ciel et des militants de l’UFDG. Ces derniers revenaient de l’enterrement de Saïdou Diallo de la garde rapprochée de La Petite Cellule Dalein Diallo. Pendant les affrontements, Grenade est blessé par balle à l’épaule. Les gendarmes affirment avoir essuyé des tirs. Mohamed Lamine Soumah, Lansana Sylla, Aboubacar Camara accusent Grenade.
Dispute entre avocats de la défense
C’était chaud à la fin de l’audience. Il était 16 heures, les détenus doivent retourner à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Les avocats de la défense, Me Salifou Béavogui en tête, ont voulu se contenter de la plaidoirie de l’ancien bâtonnier. Me Thierno Souleymane Baldé oppose un niet catégorique : «C’est mon droit, je vais plaider». «Si vous voulez plaider on renvoie à deux semaines, votre client reste en prison», rétorque le procureur. Ce que les autres avocats voulaient éviter à tout prix. Grenade se fait entendre : «Je me contente de ce que Me Traoré a dit ». Me Thierno Souleymane Baldé tient à sa plaidoirie. L’affaire est renvoyée au 26 février prochain pour la suite des plaidoiries. Grenade est rouge de colère : « Il n’est même pas mon avocat, il me retarde encore». Me Thierno Souleymane Baldé quitte la cour d’appel en lançant : « Il y a une limite à tout ».
Yacine Diallo