Pour calmer les esprits surchauffés de tout bord à l’issue du troisième mandat arraché au forceps, le Prési Alpha Grimpeur a créé un cadre permanent de dialogue politique et social, le 27 janvier. Sidya Touré qui a boycotté le scrutin présidentiel du 18 octobre 2020, faisait partie de ceux qui avaient réclamé le dialogue en Guinée. Logiquement, il devrait s’en réjouir. Que nenni ! Il a voulu le dialogue, mais pas celui-là, « dirigé par le goubernement qui fixe déjà les limites avant les discussions. » dénonce-t-il, ce jeudi 4 février, sur Espace Fm.
« Le dialogue ne peut pas être permanent. C’est quelque chose qui se pose dans la mesure où votre situation est devenue intenable et que vous devez vous parler. On a proposé que les Guinéens se parlent au vu des différentes manifestations qui se sont déroulées de 2019 à 2020. Il est temps que l’on s’assoie pour discuter de l’orientation que nous voulons donner à notre pays afin que l’on se mette au travail. Donc, le cadre permanent de dialogue est très loin de tout cela. Il s’agit de parler avec tout un chacun. Ramener cela à un décret, c’est complètement dissimuler la vraie raison pour laquelle nous souhaitions discuter », précise M. Touré. Selon lui, la discussion avec les Guinéens devrait être menée dans le cadre d’une ambition affichée du Prési Alpha Grimpeur de vouloir aller de l’avant, de manière claire, sans démagogie, afin de régler les problèmes qui se posent au quotidien.
Opposants en prison
« Nous sommes en train de revenir pratiquement à la pensée unique et au parti unique. On pourchasse les responsables politiques de l’opposition, on leur interdit de sortir du pays, on maintient des gens en prison. On ne peut pas mettre les opposants en prison et vouloir dialoguer. Le dialogue commence par la décrispation de la situation en libérant les détenus politiques. Ils ont été interpellés pour rien du tout. La situation est inacceptable. Je suis absolument opposé à l’idée que des responsables politiques de ce niveau (Chérif Bah, Ousmane Gaoual Diallo, Etienne Soropogui, Abdoulaye Bah…) restent détenus pour rien. Donc, gouverner autrement aurait dû commencer par libérer ces gens-là afin de discuter des affaires de notre pays. Si ce n’est pas le cas, nous sommes en train de tourner en rond », a déclaré le prési de l’Union des forces Républicaines. Pour lui, le Prési Alpha Grimpeur ne veut pas d’opposants, c’est «cela le malheur.» Mais, Sidya Touré reste convaincu que personne ne pourra faire disparaître l’opposition par un coup de baguette magique.
Une comparaison
Installé le 21 décembre dans ses fonctions, le Prési Alpha Grimpeur n’arrive toujours pas à boucler la formation de son goubernement. Plus d’un mois et demi, c’est discussions et tractations sur le choix de ses ministres au sujet des ‘’mouilleurs de maillot’’. Sidya Touré en a marre. Il explique que ce retard donne l’impression que le Prési Alpha Grimpeur n’a pas d’objectifs immédiats à atteindre. «Lorsque j’ai été nommé Premier ministre le 8 juillet 1996, le lendemain, j’ai présenté mon gouvernement et le 10 juillet, on s’est réuni en conseil interministériel pour tracer le programme du travail. Je pense que si on veut aller de l’avant, on ne peut pas passer plus d’un mois à annoncer tous les jours des membres du gouvernement. C’est absolument déplorable ! » A en croire l’ex Haut-représentant du chef de l’Etat, former un goubernement n’est pas compliqué si on dispose d’un programme. Non plus, l’identification des cadres pouvant le mener à terme. « Quarante-huit heures suffisent », tranche-t-il, sec.
Yaya Doumbouya