Du 5 au 6 février, le club des jeunes filles leaders de Guinée organise à Cona-Cris, la première édition du forum de la jeune fille de Guinée, sur le thème « Jeunes filles victimes et actrices du changement ». La rencontre s’inscrit dans le cadre d’une concertation entre les acteurs évoluant dans le domaine de la protection sociale et particulièrement celle de la jeune fille. Une centaine d’acteurs et d’actrices venus de Cona-Cris et de l’intérieur du bled prendront part à la rencontre.
Selon les pourcentages de 2018, 95% des nounous et jeunes filles guinée-haines ont subi l’excision et 30% sont victimes d’agressions sexuelles. L’étude a été menée par le Professeur Hassane Bah, médecin légiste. Ces chiffres montrent à suffisance l’importance de cette initiative dans notre bled. « C’est l’idéal pour notre club d’initier le forum afin d’attirer l’attention des autorités et partenaires techniques pour l’éradiquer des VBG dans notre société » a expliqué Kadiatou Konaté, prési par intérim du CJLG.
Au cours de la première journée, plusieurs sessions de discussions sont au programme. Des échanges et témoignages se feront entre les leaders d’opinions et des acteurs de la société civile sans oublier les départements ministériels concernés dont notamment celui des droits et de l’autonomisation des nounous, de l’action sociale et des personnes vulnérables, mais également ceux de la justice. Ensuite, un plaidoyer leur sera soumis pour porter la voix des jeunes filles pour ensuite trouver ensemble des solutions innovantes face à ce fléau qui prend de l’ampleur dans notre bled.
Des observateurs disent que ce forum n’est qu’à l’avantage des filles scolarisées tout en oubliant celles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Pourtant, ce sont celles-ci qui sont les plus affectées par ce phénomène. La présidente par intérim s’inscrit en faux. « Les filles scolarisées ou non et les filles exploitées, sont toutes prisent en compte. Donc l’idéal pour nous, c’est d’aller vers une stratégie commune pour toutes les parties prenantes afin d’éradiquer le fléau de notre pays. C’est pourquoi d’ailleurs, on a fait en sorte que les écoles privées et publiques soient toutes représentées. Au niveau des communautés aussi, les filles qui seront là porteront la voix de toutes les autres et ensuite elles mèneront des actions allant dans le sens de la protection des filles de leur communauté. Donc en partie tout le monde est représenté » a clarifié Kadiatou Konaté.
Au terme de ses deux jours de concertation, Kadiatou Konaté promet que la chaîne de la protection qui sera mise en place à travers les acteurs de protection, fera en sorte que chacun se reconnaisse dans le travail. Ensuite une maison d’accueil sera mise en place. Le club pourrait se charger de la mettre en place, à travers les autres organisations de la société civile. Un centre d’écoute et de prise en charge des victimes qui en expriment le besoin sera aussi mis en place.
A la question de savoir si le Club est satisfait du travail des autorités judiciaires, ces derniers temps, la présidente du club répond : « ce n’est pas suffisant mais il y a d’énormes efforts qui sont en train d’être faits dernièrement. Du moment où il y a beaucoup de condamnations qui sont en train d’être faites ces derniers temps à travers des condamnations des auteurs de ces crimes à 5 ans, 7 ans et 10 ans de réclusion criminelle tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Ce n’est pas suffisant mais c’est quand même un grand pas ».
La jeune nounou exhorte les nounous à s’investir davantage dans cette lutte noble. « Pour gagner ce combat, il faudrait qu’on sache ce que l’on veut. Il faudrait qu’on s’investisse plus pour éradiquer ce fléau dans nos sociétés ; il faudrait également qu’on puisse amener tout le monde vers nous. Donc posons nos objectifs pour éliminer ces violences », lance-t-elle.
Kadiatou Diallo