Depuis un certain temps, une affaire judiciaire oppose Lou-lou Nabé, gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) à la société dénommée « Alsény Bangoura et associés ». Après plusieurs audiences au Tribunal de première instance de Kaloum, le 8 février, un mandat d’amener a été décerné contre le gouverneur de la BCRG. Ce que le chargé de communication du ministère de la Justice nié  catégoriquement, dans un communiqué: «Il n’existe aucun mandat en cours contre le gouverneur de la BCRG». Une réaction qui irrite l’avocat de la société «Alsény Bangoura et associés», Me Paul Yomba Kourouma qui dit être  très déçu de l’interférence du ministère de la Justice dans le judiciaire. «D’abord l’information est fausse. Nous la dénonçons, la condamnons, la rejetons, nous la flétrissons. Non seulement, le ministère de la justice est incompétent pour donner des informations sur des dossiers pendants devant une juridiction, mais aussi le ministre de la  Justice ne peut le faire que par le Procureur de la république. Donc, il usurpe les fonctions dévolues au Procureur de la république. Nous ne savons pas pourquoi le ministère de la Justice couvrirai-t-il une telle illégalité, une telle malversation ? Les attributions du ministère de la Justice sont limitativement énumérées à l’article 37 du Code de procédure pénale, il ne peut que s’occuper des grandes orientations de l’Etat en matière de justice ». Me Paul Yomba Korouma persiste et signe que le mandat d’amener contre le gouverneur de la BCRG a été bel et bien décerné. «Le mandat d’amener a été décerné à l’audience, à la requête des avocats des établissements «Alseny Bangoura et associés» que nous sommes sur réquisition du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kaloum à l’audience même et sur le siège. Sans désemparer, le président du tribunal a décerné le mandat d’amener contre Monsieur Louncény Nabé pour comparaître de force à l’audience du 22 février 2021. C’est une décision de justice».

L’origine de l’affaire

Selon Maître Paul Yomba Kourouma, tout est parti d’un différend qui opposait les établissements «Alsény Bangoura et associés» à la Direction nationale du patrimoine bâti public. A l’issue d’un procès, le patrimoine bâti public a été condamné au paiement de près de 2 milliards de francs guinéens aux établissements «Alsény Bangoura et associés.» «Toutes les voies de recours ont été exercées par la Direction nationale du patrimoine bâti public par l’entremise de son représentant, l’Agent judiciaire de l’Etat. Et les décisions successives ont été confirmées par les différentes juridictions au point que la créance des établissements «Alsény Bangoura et associées» à l’égard du patrimoine bâti public était certaine, liquide et exigible. Convaincu de cette évidence, l’agent judiciaire de l’Etat a donc ordonné à la BCRG de débiter  ce montant de l’actif du patrimoine bâti public domicilié à la BCRG qui revenait à Alseny Bangoura et associés. Auparavant, eu égard à la saisie pratiquée par les établissements Alsény Bangoura, le montant était indisponible, cantonné au niveau de la banque.C’est dire que ni le Patrimoine bâti public ni la banque elle-même, ne devait avoir accès à ce montant. Alors, la décision ayant été rendue définitive, étant exécutoire, des commandements par voie de huissier ont été adressés à la Banque centrale qui, saisie, n’a pas daignée payer le montant. Il y a eu plusieurs commandements, finalement, nous avons été obligés d’assigner en référé la Banque centrale pour l’amener à payer le montant. C’est ainsi que le tribunal compétent a condamné la Banque centrale au payement du montant par afférente de 10 millions francs guinéens par jour de retard, ce qui, à ce jour, porte la créance à plus de 47 milliards de francs guinéens à devoir». D’où la poursuite judiciaire contre Lou-lou Nabé, gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, pour abus de confiance et rébellion.

Ibn Adama