Un coffre disant contenir 233 millions de Gnf. Encore une fois, on se moque des Guinéens. Encore une fois, on se moque de la République. Encore une fois, on se moque de la morale. Qu’est-ce que les dirigeants et les cadres guinéens veulent léguer à notre jeunesse ?
Quelle image les dirigeants et les cadres guinéens veulent-ils donner de notre pays à l’étranger ? Au moment où les Américains et les Européens condamnent à de lourdes peines un ancien ministre guinéen et un influent multimilliardaire européen pour des faits de corruption en Guinée, notre pays s’illustre par des scandales financiers impunis dans notre administration. Pire, certains des auteurs présumés sont choyés et confirmés à leurs hauts postes, s’ils ne sont pas promus.
Le vol du coffre-fort de l’Université de Sonfonia s’inscrit en droite ligne du scandale des 200 milliards reproché à une ministre récemment confirmée dans le nouveau Gouvernement.
Un vol de coffre-fort sans effraction ni braquage, dans un environnement gardé de nuit et de jour par les services de sécurité. Malgré son poids, un coffre-fort s’évade sans traces !
Pour les assureurs, ce n’est pas un vol ; mais un déménagement. Ce qui est grave, c’est que les milieux enseignants semblent vouloir imiter les pratiques, hélas courantes, dans notre administration et dans nos régies financières : le vol des deniers publics.
Les auteurs de ces vols sont considérés comme les bénis de la société. La malhonnêteté, la médiocrité, le vol, l’hypocrisie, la démagogie, le militantisme mercantiliste et la mégalomanie prennent de plus en plus corps dans notre quotidien. Notre société est en train de perdre ses repères. Lorsque le vol s’invite dans les milieux universitaires, il n’y a plus d’espoir.
Celui qui a volé ce coffre de 233 millions veut certainement être maintenu à son poste, comme l’autre qui est présumée en avoir pris mille fois plus.
À mon avis, gouverner autrement c’est : sanctionner administrativement, sans état d’âme ; et assigner les présumés voleurs devant les juridictions. Le vol est entré dans les mœurs de notre administration ; c’est très grave. Nous devons avoir honte de la justice suisse et de la justice américaine qui semblent plus impitoyables aux fossoyeurs de notre économie. Les cadres guinéens doivent avoir pitié de ce peuple. Ils sont à l’origine de la précarité dans laquelle végètent les Guinéens. Vivement que le droit soit dit pour chaque centime indûment prélevé ou détourné de l’argent public. Une pensée à la Première République. Sous ce régime, l’idée de détourner trente mille sylis n’effleurait pas l’esprit des plus indélicats des fonctionnaires de l’époque.
Aujourd’hui, les voleurs de deniers publics sont considérés comme les bénis de la société.
Par respect pour la république, des interpellations doivent être opérées à l’Université de Sonfonia : les responsables du service concerné, les occupants du bureau concerné, le personnel de sécurité sur la période concernée, doivent répondre. Le contribuable doit savoir. Il doit absolument savoir. J’ai honte pour mon pays.
Ibrahim Jair Keita