Les temps sont actuellement durs pour les opposants au 3è mandat du Président Alpha Condé. Après Souleymane Condé et Youssouf Dioubaté, condamnés à 1 an d’emprisonnement, Oumar Sylla alias Foniké Menguè qui a écopé de 11 mois de prison, c’était autour de Mamadi Condé dit Madic 100 frontières, de se faire condamner, lundi dernier, à 5ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 100 millions d’amende. Excusez du peu ! Toutes ces décisions ont été contestées devant la Cour d’appel de Conakry par le collectif des avocats des personnes interpellées dans le cadre de la lutte contre la modification constitutionnelle. D’autres personnes comme Ousmane Gaoual Diallo, Etienne Soropogui, Ibrahima Chérif Bah…attendent leur tour. Mais ces peines particulièrement lourdes infligées à leurs clients, ont conduit les avocats, de commun accord avec leurs clients, de suspendre leurs activités dans toutes procédures pour dénoncer « la parodie de justice. »
Me Mohamed Traoré explique : « Nous voulons éviter de contribuer à ce qu’on appelle la chronique d’une condamnation annoncée. Notre mission, c’est d’assurer la protection des citoyens en conflit avec la loi. Mais lorsque nous nous rendons compte que nous servons de caution à des simulacres de procès, à une parodie de justice, je pense que pour ne pas être complice du mauvais fonctionnement de la justice dans certains dossiers précis, le mieux est de se retirer et de laisser ceux qui sont en charge de ces dossiers les gérer comme ils l’entendent. Nos clients aussi ont décidé de ne plus se prêter à ce jeu parce que dans un procès, il y a des signes annonciateurs. A certains moments, on peut rapidement comprendre ce qui pourrait être l’issue finale ».
L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats en veut pour preuve la manière dont le procès de Foniké Menguè s’est déroulé. La juge, Djénabou Donghol, pour pouvoir condamner l’opposant, a requalifié les faits reprochés auparavant à l’activiste. L’avocat proteste également contre la manière dont les choses se déroulent dans les dossiers concernant Ousmane Gaoual et les autres membres de l’opposition : « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas exactement des décisions de justice. Ce sont des décisions à caractère politique. La justice est décidée à faire mal dans certains cas… Dans certains dossiers, on nous parle de fabrication, de stockage, de détention d’armes et de minutions. Les personnes concernées ont été entendues à l’enquête préliminaire, jusque-là, personne ne nous a montré les armes qui ont été stockées, aucune arme n’a été présentée au parquet alors que dans les conditions normales, les personnes déférées doivent être déférées avec les pièces à conviction. A ce jour, il n’y a aucune pièce à conviction. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le cas de Foniké Menguè. Ceux qui ont suivi ce procès ne pouvaient en aucun cas s’attendre à une telle condamnation…Aujourd’hui, il y a une instrumentalisation de la justice, l’avocat qui ne le reconnaitrait pas dans ce genre de dossiers aurait menti ».
Yacine Diallo