A son arrivée au pouvoir, Abdelmadjid Tebboune, le Président algérien, a eu beau annoncer qu’il était ouvert au dialogue avec le mouvement Hirak, «les autorités ont continué à réprimer la dissidence et ont poursuivi des dizaines de manifestants».
Les chiffres d’Amnesty International sont sans appel. Le Comité national pour la libération des détenus a recensé au moins 2 500 manifestants arrêtés depuis février 2019. Parmi eux, 350 ont été détenus pendant une semaine ou plus et 76 étaient encore en prison jusqu’à ces derniers jours. «Depuis le début du mouvement, les autorités ont recouru à l’arrestation et à la détention arbitraires de manifestants pacifiques, de journalistes et de cybermilitants pour tenter de les intimider et de les dissuader», dénonce Amnesty International qui a recensé trois cas de torture et de mauvais traitement.
Après l’arrêt des grandes marches du Hirak au printemps 2020, le pouvoir algérien s’est attaqué aux contenus en ligne, pointe l’ONG qui a documenté le cas de 73 personnes, poursuivies ces cinq derniers mois, pour avoir publié principalement via Facebook des messages critiques envers les autorités.
Des messages qui, précise le rapport, ne comportaient aucun appel à la violence ou à la haine. Malgré cela, certains militants ont été condamnés à de longues peines comme Dalila Touat, enseignante et militante des droits des travailleurs et chômeurs de Mostaganem (nord-ouest), qui a écopé de 18 mois de prison en janvier dernier.
Amnesty International accuse également les autorités d’avoir intensifié depuis mars 2020 leur censure des médias en ligne, en bloquant au moins 16 sites d’information indépendants. Plusieurs militants du Hirak, dont Dalila Touat, et des journalistes comme Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, ont été libérés vendredi 19 février à la faveur d’une grâce présidentielle prononcée la veille par le président Tebboune.