Le procès de Mamady Onivogui, coordinateur du mouvement Elazologa, s’est ouvert ce 29 mars au tribunal de première instance de Dixinn. L’activiste, membre du Front national pour la défense de la Constitution, est accusé de participation à un mouvement insurrectionnel, association des malfaiteurs, menace notamment de violences par le biais d’un système informatique. A la barre, Mamady Onivogui a plaidé non coupable, expliquant avoir été interpellé alors qu’il revenait de son boulot :  » Kerfala (une de mes connaissances, m’a appelé pendant une semaine. Il me disait qu’il était malade, d’aller le suivre. Comme il a insisté, le 13 décembre, j’ai accepté d’aller. Mais bizarrement, je l’ai retrouvé dans un restaurant à Lambanyi. Il m’a dit qu’il n’était pas malade, mais qu’il souhaitait me donner sa contribution à mon mariage. Dès que je suis sorti, les agents m’ont arrêté et m’ont déposé à la DPJ « .

Sur les faits de menaces, on reproche à Mamady Onivogui d’avoir fait des publications sur les réseaux sociaux qui viseraient le Chef de l’État, la CENI, la Cour Constitutionnelle… L’accusé nie et estime que tout a été fabriqué à la Direction centrale de la police judiciaire et au cabinet du juge d’instruction :  » Je ne reconnais aucune des publications incriminées. D’ailleurs, celles qu’ils m’ont montrées sont faites par un certain Mamaly Onivogui. Moi je suis Mamady Onivogui. Quand j’ai nié, Fabou m’a dit  » Petit, on va t’envoyer dans un lieu où tu risques de regretter fort « . A la Maison centrale, ils m’ont envoyé là où les détenus fument la drogue. Je n’étais pas du tout moi-même. Je n’avais pas la conscience tranquille, ils ont profité de cette situation pour m’interroger. Vers 15h, quelqu’un est venu me tendre un procès procès-verbal…A la DPJ, ils ont dit de me coller les accusations articulées contre Ousmane Gaoual ».

A son interrogatoire devant le juge d’instruction, l’accusé aurait reconnu ces faits et demandé pardon, notamment au chef de l’État. Il aurait justifié sa posture par le fait que le Président de la République n’aurait pas tenu les promesses faites à la préfecture de Macenta, mais aussi par le fait que deux de ses cliniques aient été fermées :  » Je n’ai jamais reconnu ces faits. Comment je peux demander pardon pour une chose que je n’ai pas commise ? Ce n’est même pas ma signature qui est sur le procès-verbal  » se défend Mamady Onivogui.

 » Comment le juge d’instruction a-t-il su que vos cliniques ont été fermées ? lui demande le juge ».  » Il avait déjà les dossiers de la DPJ « .

Les débats ont été houleux entre Mamady Onivogui et le juge Aboubacar Maféring Camara, mais aussi entre l’accusé et le représentant du ministère public. Le substitut du procureur n’est pas allé de main morte au moment de prendre ses réquisitions. Daouda Diomandé a demandé au tribunal de coller au membre du FNDC 10 ans d’emprisonnement et une amende de 100 millions de francs guinéens. Il n’a sûrement pas digéré le fait que l’accusé ait nié les faits, alors qu’il aurait tout reconnu devant le magistrat instructeur :  » Lorsque vous faites quelque chose, il faut l’assumer. C’est cela être un homme. Mamady Onivogui a tenu des propos de nature à troubler l’ordre public. Nous pensions qu’il allait demander pardon, se repentir, mais il est resté dans sa logique de dénégation. Il est activiste, mais ne sait pas ce qu’il fait. Il est hargneux parce que ses cliniques ont été fermées. Mais cela ne lui donne pas le droit de s’attaquer au Président de la république « .

Des arguments battus en brèche par Maitre Salifou Béavogui qui demande au tribunal de renvoyer son client des fins de la poursuite :  » Mamady Onivogui est jugé pour avoir défendu Macenta. La justice est en train de frapper là où elle n’avait pas l’habitude de frapper. Mamady est le première cobaye, d’autres vont suivre. Pour moi, c’est un faux dossier, du folklore, c’est juste une politique pénale « .

L’avocat révèle que son client est en prison parce qu’il a refusé de se taire :  » On a tout fait pour le corrompre. On lui a proposé de l’argent, des véhicules, il n’a jamais accepté. C’est un dossier vide. Monsieur le président, vous ne devez accorder aucune importance à ce dossier monté de toute pièce par le parquet de Dixinn. Ils veulent le faire taire « .

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 12 avril prochain.

Yacine Diallo