Le 29 mars en conférence de presse à Conakry, le collectif de soutien au journaliste Amadou Diouldé Diallo a annoncé une marche pacifique de protestation au centre-ville de Kaloum le 31 mars. Elle partira de la Bourse du travail au ministère de la Justice en passant par le Musée national de Sandervalia, la mosquée sénégalaise, le carrefour Banque centrale. Le but, dénoncer la détention illégale d’Amadou Diouldé Diallo depuis 1er mars, mais aussi exiger sa libération. Arrêté le 27 février, notre confrère est poursuivi pour ‘’offense au chef de l’Etat et diffamation’’, lors d’une émission radiophonique le 21 janvier dernier. « Nous invitons l’ensemble des journalistes, les associations professionnelles de presse, la société civile, les organisations de défense des droits de l’homme à se joindre à nous pour dénoncer la violation de la loi sur la liberté de la presse », a déclaré Sayon Camara, le coordinateur du collectif.

Assane Diagne, le directeur Bureau Afrique de l’Ouest de Reporters Sans Frontières basé à Dakar, en téléconférence, a indiqué qu’Amadou Diouldé Diallo doit être remis en liberté pour pouvoir comparaître librement. « Nous avons constaté que de plus en plus de journalistes guinéens sont interpelés ou mis en prison pour des délits de presse alors que la loi sur la liberté de la presse ne prévoit pas de peine privative de liberté. Quelques jours avant l’arrestation de notre confrère Diouldé Diallo, c’est le journaliste Amadou Sadio Bah qui avait été condamné à six mois de prison ferme pour délits supposés de diffamation. C’est une violation extrêmement grave de la liberté de la presse que nous dénonçons. Nous exhortons les autorités guinéennes à respecter la loi sur la presse. Nous réitérons notre appel à la libération immédiate et sans condition de ces deux journalistes conformément à la loi 002 sur la liberté de la presse. Il est important que les journalistes puissent travailler correctement et librement de façon conforme à l’esprit et à la lettre de la loi sur la presse. »

Me Thierno Souleymane Baldéa assisté le collectif dans plusieurs de ses démarches, notamment juridiques. Selon lui, la détention d’Amadou Diouldé Diallo s’explique « en grande partie » par un relâchement du combat que journalistes et activistes des droits humaines mènent en Guinée. « Nous ne demandons pas un traitement de faveur, c’est l’application correcte de la loi. L’idée que visait le législateur dans cette loi était d’éviter aux fauteurs des délits de presse la prison. Quand il y a un régime qui n’est pas légitime, le seul moyen de se maintenir est la répression, l’intimidation, le harcèlement. Et les victimes sont les citoyens, à commencer par les journalistes. Nous ne défendons pas X ou Y, nous défendons les principes et les valeurs qui doivent régir le bon fonctionnement d’un Etat de droit. 

Le collectif, composé essentiellement de journalistes, s’engage à défendre les libertés de la presse via l’application de la loi 002 portant liberté de la presse en République de Guinée. A cet effet, ils ont mené plusieurs démarches auprès des associations de presse et de celles de défense des droits humains. Il a également déposé du courrier auprès des représentations diplomatiques en Guinée, notamment la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la CEDEAO, l’Union africaine et l’Union européenne.

Yaya Doumbouya