Absent du bled depuis un moment, le directeur de cabinet de Sidya Touré,  Mohamed Tall, se dit préoccupé par la situation sociopolitique qui prévaut en Guinée. Si l’on commençait à parler de la situation politique en Guinée, on pourrait écrire un roman,  mais la partie la plus corsée, le problème le plus brûlant est celui des droits de l’Homme. «Aujourd’hui, nous sommes dans une situation de suppression de tout espace de liberté. Nous assistons à des arrestations arbitraires simplement parce que les gens ont osé émettre leur opinion qui ne plaît pas au pouvoir. L’opposition est persécutée, plusieurs centaines de détenus politiques croupissent dans les différentes prisons du pays. Tous détenus pour leur opinion sans aucun respect des textes de lois. Et cela est extrêmement préoccupant».

Au-delà de ces problèmes, Mohamed Tall trouve inadmissible cette opération de déguerpissement lancée depuis un moment par le mystère de la ville et de l’aménagement du trottoir. Quelles qu’en soient les raison, il y a quand même de quoi s’interroger. «Je dirai que le moment est mal choisi pour prendre cette initiative car les Guinéens ont du mal à joindre les deux bouts maintenant. Je trouve anormal et inopportun de détruire les biens des gens sans aucune mesure d’accompagnement. Les citoyens sont jetés dans la nature. Cela me parait assez difficile à accepter. Et puis, l’Etat n’a aucun projet qui pourrait justifier la casse de ces biens à présent ; et on s’interroge sur l’ampleur de l’opération», s’insurge l’homme politique avant de demander à l’Etat de procéder de manière méthodique, en commençant par Kaloum et progresser petit à petit. Il y a de quoi s’interroger sur les véritables intentions du pouvoir sur cette situation. A mon avis, cela ne fait qu’aggraver les frustrations et ne fera que renforcer le malaise au sein de la population», regrette M. Tall.

Il pense que de nos jours, ce qui est prioritaire, c’est que les foyers vivent à peu près normalement. Au cœur de nos préoccupations, c’est la question de l’emploi, de l’éducation pour pouvoir assurer l’avenir des enfants. Et cette question d’emploi, il faudrait au préalable régler les questions institutionnelles mais de tout cela, on ne parle pas. On s’accroche à des sujets qui n’intéressent pas les Guinéens et on a l’impression que derrière tout cela, on cherche à régler des comptes personnels».

Pour M Tall, il est temps de prendre en considération la situation sociopolitique de manière objective et dépassionnée. On ne peut pas continuer dans les rapports de force en mettant toujours au centre des débats des questions politiciennes qui n’apportent rien au peuple. «Je crois qu’il faut poser maintenant les questions de développement, les questions économiques, les questions de sécurité, les questions institutionnelles, environnementales. Bref, tout ce qui permettra d’améliorer la vie des Guinéens et nous sortir pour une fois du jeu politique. Ces questions de politique politicienne sont lancinantes depuis dix ans, on voit bien le résultat. Je pense qu’il faut changer d’approche pour poser désormais les vraies questions ».

Au lieu de nous promettre le bonheur, le premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, lors de sa dernière sortie, a rassuré le peuple que les prochains mois seront pires. M. Tall, trouve que c’est un aveu d’échec et cet échec est irréversible car « au lieu d’essayer des mesures pour stabiliser notre économie, le gouvernement continue à promouvoir la corruption, à créer un climat de tension. Ils ont cassé un certain nombre de commerces dans l’informel, fermé les frontières des pays qui approvisionnaient le marché guinéen dans beaucoup de secteurs. Bref, le comportement d’ensemble du régime en place  ne permet pas d’améliorer la situation. Dire en permanence ’’attacher la ceinture’’ a une limite à un moment donné ». Pour pallier tous ces maux, M. Tall, propose au gouvernement de changer de comportements. « Nos ressources doivent être recouvrées, le climat doit être apaisé, la justice doit être plus fiable, les questions de sécurité doivent être adressées et à partir de là, on pourra entrevoir quelque chose de meilleur. Mais tant que nos ressources seront siphonnées dans un flou complet, on ne saura jamais ce qui se passe réellement. Tout est catastrophique, rien ne pourra changer dans notre pays.»

Kadiatou Diallo