« Sonko » signifie tapage, cris, bruit…en peul. Et la journée du mercredi 3 mars n’a pas été calme dans la capitale sénégalaise, où les partisans du dernier opposant à Macky Sall ont manifesté leur mécontentement contre l’interpellation d’Ousmane Sonko. Ce dernier arrêté dans la journée alors qu’il déférait à la convocation de la justice pour « viol et menaces de mort », ramasse en cours de route de nouvelles accusations de « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non-autorisée ». Placé en garde-à-vue, l’opposant dormira à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Comme d’autres opposants qui l’ont précédé, sous l’ère Macky Sall.
Le leader du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) fait face depuis le 3 février à des accusations de « viols et menaces de mort », portées contre lui par une employée d’un salon de beauté dakarois. Où l’opposant de 47 ans se rendait régulièrement pour soigner des maux de dos par des séances de massage. Des soins qui finalement lui coûtent sa liberté, en dépit des contradictions relevées dans les déclarations de l’accusatrice Adji Sarr que certains croient manipulée par le régime, pour écarter un adversaire de plus en plus gênant pour les prochaines joutes électorales. En ligne de mire, la présidentielle de 2024 pour laquelle une éventuelle candidature (à un troisième mandat) de Macky Sall n’est pas à exclure.
Ousmane Sonko, jusque-là inconnu du grand public, avait raflé les 16 % des suffrages lors de la présidentielle de 2019 et s’était classé troisième derrière Idrissa Seck et le président sortant. Seck a fini par la suite par rallier le pouvoir en occupant le Conseil économique, social et environnemental, poste qui fait de lui la troisième personnalité de l’Etat (par ordre protocolaire). Sonko s’est juré quant à lui de rester, s’il le faut, le dernier rempart de l’opposition au pouvoir. Paie-t-il ainsi pour sa témérité ?
Avant lui, Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, avaient vu leur carrière politique brisée suite à des condamnations et des emprisonnements. Sous Macky Sall, sur quinze millions de Sénégalais, est-il impossible de trouver un opposant au-dessus de tout soupçon ?
Diawo Labboyah