Le Gabon va présenter au Parlement trois projets de loi visant à renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment en luttant contre les « violences » et les « discriminations », a déclaré le Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda.
L’un des textes introduit le divorce par consentement mutuel. Et l’adultère, commis par l’homme ou la femme, sera un motif de séparation pour les deux conjoints, alors que jusqu’à présent il ne pouvait être invoqué que par l’homme devant le juge. Aujourd’hui, la femme gabonaise est également tenue par la loi d’ « obéir » à son mari. Les changements prévus vont y mettre fin, a assuré le chef du gouvernement dans une interview à l’AFP. « Il était temps de renforcer cette protection des femmes en éliminant progressivement les discriminations et les violences dont elles sont victimes », a déclaré Mme Ossouka Raponda.
Trois projets de loi ont déjà été adoptés par le conseil des ministres, l’un sur « l’élimination des violences faites aux femmes », les deux autres visant à modifier le code pénal et le code civil, qui consacre encore la prééminence de l’homme dans le couple en faisant du mari le seul chef de famille. Les projets de loi doivent encore être votés par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais le parti du président Ali Bongo Ondimba, qui dirige le Gabon depuis sa première élection en 2009, lorsqu’il a succédé au long règne de son défunt père, Omar Bongo, domine largement les deux chambres. « Aujourd’hui, le mari est le chef de famille, la femme doit obéir au mari et c’est le mari qui a le choix de la résidence » pour la famille, explique Mme Ossouka Raponda. Grâce aux nouveaux projets de loi, la femme partagera avec l’homme le rôle de chef de famille, promet-elle.
Tout acte de violence domestique à l’encontre du conjoint pourra également conduire au divorce. « Nous voulons protéger la famille dans son ensemble », a déclaré le Premier ministre. Le projet d’amendement du code pénal étend dans une certaine mesure le droit à l’interruption volontaire de grossesse, même s’il reste très conditionnel. « Ce n’est pas encore le bon moment » pour le libéraliser, a déclaré Mme Ossouka Raponda. Pour un avortement, l’état de détresse de la femme n’aura plus besoin d’être « grave » et l’exigence de l’avis d’un médecin pour l’établir sera supprimée.
Ces réformes déclenchent déjà de vifs débats sur les réseaux sociaux. En 2020, la dépénalisation de l’homosexualité avait entraîné un fort mouvement de protestation dans une grande partie de l’opinion publique. Dans un récent rapport publié par la Banque mondiale « Women, Business and Law 2021 », le Gabon, a été classé 41e sur 48 pays d’Afrique subsaharienne en termes de promotion des droits des femmes.
Elsa Etoundi