Selon toute vraisemblance, le Justice veut se servir du dossier d’Amadou Djouldé Diallo pour envoyer un signal fort à ceux qui tiennent des propos considérés comme offensants à l’endroit du Chef de l’État. Quitte à violer la loi. Il n’est pas exclu que les procédures pour offense au Chef de l’État se multiplient dans les prochains jours, avec en toile de fond, une multiplication des détentions provisoires, et, conséquemment, une restriction de la liberté d’expression. La notion d’offense au Chef de l’État est si vague qu’on  pourrait tout y mettre. On parle de « paroles ou actions qui blessent quelqu’un dans sa dignité, dans son honneur,  outrages commis publiquement envers une personne, un groupe de personnes ou un corps donné,  qui constituent un délit.  » Avec une définition aussi large, toute parole ou action qui ne plaît pas pourrait être considérée comme une offense au Chef de l’État. Et comme l’article 132 de la loi sur la liberté de la presse autorise le juge d’instruction à placer en détention provisoire une personne poursuivie pour offense au Chef de l’État,  les procureurs feront systématiquement recours à l’information judiciaire en saisissant un juge d’instruction et en demandant à celui-ci de prendre  une ordonnance de placement en détention provisoire.  L’ouverture d’une information judiciaire ne s’expliquera pas par la nécessité de mener des investigations poussées  mais par le seul souci d’obtenir un mandat de dépôt.

Et pourtant,  lorsque la personne poursuivie ne risque qu’une peine d’amende, comme c’est le cas en matière d’offense au Chef de l’État, il n’y a pas de mandat de dépôt,  donc de détention provisoire.

Me Mohamed Traoré