Le 5 mars dernier, Alpha Boubacar Bah, ancien conseiller de Cellou Dalein Diallo, prési de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a pris un « congé sabbatique » pour mettre ses fonctions politiques en veilleuse. Malgré cette rupture, M. Bah se dit préoccupé par la situation de ses amis détenus à l’hôtel 5 étoiles de Coronthie, à Kaloum. Il l’a fait savoir ce jeudi 11 mars à l’émission Œil de Lynx dont il était l’invité.
L’ancien conseiller du prési de l’UFDG, « est très affligé » par cette situation parce qu’il est très proche d’eux. « Ousmane Gaoual, c’est quelqu’un en 2011 quand j’ai pris la décision de revenir en Guinée, je l’ai trouvé à Paris chez Maladho. On a discuté. Il m’a dit d’aller avec lui voir le grand frère. Arrivés chez le grand frère, on s’est expliqué. Ils m’ont dit qu’ils étaient en Guinée en 2010 pour participer à la campagne pour la présidentielle, donc toi aussi, il faut aller démarrer. Deux mois après, nous te rejoindrons. Je suis rentré le 14 février 2012, Gaoual est arrivé début avril, Maladho, fin avril. A partir de là, on a formé un trio. Gaoual et moi avions beaucoup travaillé ensemble. On n’a eu des problèmes, nous ne nous sommes pas parlé pendant plus d’une année mais on s’est retrouvé. Cellou Baldé, en plus d’être un proche collaborateur, c’est un parent. On vient du même village, Dieu sait ce que je pense en bien de lui, Dieu sait ce que j’ai tenté de faire à mon modeste niveau. »
Si ce sont des négociations qui doivent aboutir à la libération de ses amis, M. Bah souhaite qu’elles soient engagées. « J’exhorte les uns et les autres à aller vers ces négociations. Si c’est Alpha Condé, le président de la République, parce qu’on le veuille ou non, c’est lui qui est là et c’est avec lui qu’on doit parler. C’est notre interlocuteur, il ne sert à rien de se voiler la face, c’est lui qui doit prendre cette responsabilité. Je l’exhorte à cette responsabilité. Il a forcé, il a eu 6 ans, une année est presque finie. Alors qu’il consacre ses 6 années à des actions de développement, non à des crises permanentes. Cela commencera par l’élargissement de ces cadres de l’UFDG, de l’opposition, du FNDC, et de ces anonymes. Il y en a beaucoup, il y a beaucoup d’anonymes, des imams. Leur place n’est pas en prison. Des deux côtés, moi je pense qu’il ne sert à rien de s’arcbouter sur ceci ou cela. Si vraiment il y a des pistes à travers des intermédiaires internationaux, il faut aller dans ce sens ».
Il rappelle que le problème de nerfs de Ousmane Gaoual est réel, il risque d’être paralysé, Ceux qui le connaissent Cellou Baldé savent qu’il est très costaud. Il a perdu du poids. Cherif Bah n’est pas un jeune. « On joue contre le temps, à mon humble avis, un pouvoir après une perte de ces gens-là serait sans goût. Je pense qu’il est temps d’aller dans le sens de tout faire pour leur libération. Je sais puisque j’étais jusqu’à vendredi dernier dans les secrets de Cellou et des autres. Je connais tous les efforts, je sais comment il gère les cloisonnements ; il fournit énormément d’efforts, il cherche les moyens de pression pour pouvoir sortir ces derniers de prison. Il faut que tout le monde, chacun là où il est, puisse agir dans ce sens. Moi en tout cas, je m’associerai à toute initiative d’où qu’elle viendra. Parce que si j’étais à leur place, j’aurais souhaité que quelqu’un se batte où perde la face etc. pour que je puisse sortir pour ne pas mourir en prison ».
A la question de savoir si ce n’est pas Cellou Dalein qui devrait faire le sacrifice pour faire le premier pas, Alpha Boubacar répond qu’il n’est plus le conseiller de Cellou Dalein, mais qu’il pense que Cellou fait énormément d’efforts pour la libération des détenus. Donc, il faudrait qu’il y ait aussi une prédisposition de l’autre côté. « Il y a ce qui est écrit, il y a la théorie, il y a les discours et il y a les faits. C’est pour cette raison que la dernière fois, j’ai dit qu’Alpha Condé jouerait le premier rôle dans tout cela. Décrisper le climat politique et puis tendre une main franche, appeler son jeune frère. Et je pense que s’il y a une prédisposition réelle, Cellou Dalein ne refusera pas de faire aussi un geste pour libérer ses amis.
La situation est beaucoup plus dans les mains d’Alpha que dans celles de Cellou. C’est Alpha qui est là, c’est lui qui gère le pays. Certes, c’est une affaire judiciaire dans laquelle, le président ne doit pas se mêler mais on ne s’en sortira pas sans solution ».
Kadiatou Diallo