Le 1er mars, le Président Alpha Condé a gracié 7 mineurs condamnés, le 12 février, par le tribunal pour enfant. Ces enfants ont été arrêtés, avec une quinzaine d’autres, fin octobre 2020, lors des violences qui ont éclaté au lendemain de l’élection présidentielle. Ces mineurs purgeaient une peine de cinq mois de prison, qui devait normalement se terminer fin mars. Il n’en fallait pas plus pour que le ministère de la Justice brandisse cet acte comme un trophée de guerre et clame que la justice fonctionne désormais normalement. Une sortie médiatique qui a fait bondir Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la panification du FNDC : « De quelle justice parle-t-on dans un pays où des mineurs sont illégalement kidnappés sur ordre du satrape de Conakry, condamnés par le biais d’une parodie de justice, avant d’être libérés à quelques jours de la fin de leur prise en otage ! De quelle justice parle-t-on dans un pays où les convocations les mandats d’arrêt émis contre des membres du gang d’Alpha Condé (notamment Aboubacar Fabou Camara, Lounceny Nabé…) n’ont jamais été exécutés! De quelle justice parle-t-on dans un pays où des innocents arrêtés sont obligés de recourir à des grèves de la faim pour accéder à un droit fondamental qui est le procès! De quelle justice parle-t-on dans un pays où les décisions de justice sont téléguidées par l’humeur d’Alpha Condé… De quelle justice parle-t-on dans un pays où les avocats des otages d’Alpha Condé détenus illégalement à la maison centrale n’ont pas accès à leurs clients ! De quelle justice parle-t-on quand certains criminels sévissent à ciel ouvert en versant le sang ou en incitant à la violence, sans punition ou souci de se faire inquiéter! »
L’opposant au 3e mandat d’Alpha Condé accuse le Garde des sceaux de trahison et dénonce le deux poids deux mesures qui caractériserait le système judiciaire guinéen : « Des centaines de personnes ont été tuées, blessées, torturées et emprisonnées par le régime du dictateur Alpha Condé sans enquête, pour imposer un troisième mandat illégitime et illégal, sans qu’aucune enquête ne soit ouverte par cette soi-disant justice. Face à la banalisation de la vie humaine, à l’impunité absolue entretenue par des personnes comme ce ministre qui n’honore pas la profession, il était mieux pour vous de vous taire car vous avez déjà trahi votre serment et continué à ternir l’image de notre société ».
Le président de l’UFDG, lui, indique que le geste du Chef de l’Etat n’est rien d’autre qu’une opération de charme : « Cette grâce qui intervient au moment où la totalité des graciés avait quasiment purgé leur peine, n’est, en fait, qu’une opération de communication destinée à berner l’opinion publique et la communauté internationale. Où est l’humanisme quand on sait que ces jeunes ont été raflés alors qu’ils étaient, pour la plupart, sur le chemin de l’école, et pour certains extraits nuitamment de leur domicile familial par les forces de défense et de sécurité ? »
Yacine Diallo