Dans sa note de démission du 4 mars, Alpha Boubacar Bah, l’ancien chargé des relations publiques à l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), justifiait sa démission pour des raisons «de convenance personnelle». Ajoutant ainsi mettre sa carrière politique en pause. Le 9 mars, chez nos confrères d’Espace Fm, Alpha Boubacar Bah a indiqué que son mentor, Cellou Dalein Diallo, est « parfaitement au courant » de son projet de démission, envisagé depuis fin 2018 et qu’il l’aurait même soutenu dans ce sens, afin de poursuivre sa carrière professionnelle. « Cellou Dalein Diallo a tellement bien accueilli cela. Il a été réceptif, compréhensif. Il m’a même dit que la politique, c’est souvent pour les retraités.»

« Fin 2018, j’ai décidé que quelle que soit l’issue des élections en 2020, je repartirai dans le privé pour reprendre le travail. Vous n’êtes pas sans savoir que le sacrifice consenti pendant ces dix dernières années, sans travail, m’ont fait perdre l’opportunité d’avoir une retraite. Je ne cotise ni en Europe ni en Guinée puisque je ne travaille pas. On ne restera pas éternellement jeune. A nos vieux jours, il faudrait vivre », a expliqué Alpha Boubacar Bah. Une décennie consacrée à la politique pendant que les autres travaillent dans leurs bureaux, dans leurs boutiques ou dans leur studio, « moi, je vais à Dixinn ou au QG de l’UFDG. Je n’ai rien fait comme travail professionnel. Je me suis rendu compte que c’était trop. Aujourd’hui, je n’ai pas l’âge que j’avais il y a quinze ans. Mes enfants grandissent, mes parents ont vieilli alors que ces gens-là se sont investis énormément pour moi. »

La politique ne fait pas vivre

L’ex-conseiller chargé des relations publiques de Cellou Dalein Diallo regrette avoir considéré la politique comme un métier. Du coup, il exhorte les jeunes qui nagent dedans à ne pas le faire, de ne point confondre politique et activité professionnelle ou métier : « Il faut qu’ils comprennent que la politique n’est pas un métier. Il faut la faire parallèlement à un travail professionnel, un métier, car la politique ne fait pas vivre. Je me suis rendu compte que j’ai des obligations personnelles vis-à-vis de ma famille, de mes enfants, de mon épouse. J’ai divorcé de ma première épouse parce que j’étais dans des activités politiques instantes depuis 2006. On était 24h/24 dans le parti. J’ai tout assumé, j’ai pris tous les risques. Je n’ai pas failli à mon engagement.»

Depuis sa démission, des rumeurs le traitant de taupe, d’espion ou de traître ont couru, y compris au sein du bureau exécutif de l’Union des forces démocratiques de Guinée. On lui prête aussi l’intention de rejoindre le Rpg arc-en-ciel afin de rouler pour son ‘’grand et parent’’, le PM, Ibrahima Kassory Fofana. Alpha Boubacar Bah dément ces accusations et affirme que s’il voulait rejoindre le gouvernement, il n’allait pas mettre une pause à sa vie politique, qu’il allait le faire directement. « Je pense que la direction nationale du parti devait s’occuper de régler les problèmes s’il y en a et laisser un jeune qui veut travailler s’en aller. Que l’on me permette d’aller travailler tranquillement ! Je ne veux pas de conflit et je n’aurai pas de conflit. Je n’ai jamais été une taupe, je n’ai jamais été un espion et je ne peux pas l’être », conclut-il.

Yaya Doumbouya