L’ancien opposant tchadien, Yaya Dillo a été exfiltré de sa concession par des proches qui l’ont mis en lieu sûr. L’opposant s’était rallié au pouvoir du maréchal Idriss Déby avant de se déclarer candidat à la prochaine présidentielle d’avril 2021. Un de ses frères, Ousmane Dillo, n’a pas hésité à rassurer plus d’un Tchadien de la fiabilité de de l’information qui a été corroborée par d’autres sources. Ses amis auraient profité de la confusion qui a régné dans le quartier lorsque des civils ont caillassé un véhicule miliaire. Les gendarmes sont alors intervenus à coups de bombes lacrymogènes. C’est à ce moment-là que l’opposant aurait été exfiltré.
Tout le quartier où vit le candidat à la présidentielle tchadienne est quadrillé depuis trois jours par un impressionnant dispositif militaire : des dizaines de camionnettes, des véhicules blindés, des policiers, mais surtout des hommes de la DGSSIE, la garde prétorienne d’Idriss Déby. que pilote en réalité son fils. Il est toujours quasi impossible de communiquer avec la capitale tchadienne : internet est toujours coupé et le réseau téléphonique extrêmement perturbé, pour des raisons de sécurité.
Comment sont-ils passés entre les mailles du filet ? Mystère. Mais certains pointent la volonté du pouvoir de ne pas envenimer la situation après la mort de la mère et d’un neveu de l’opposant. Il faut rappeler que Yaya Dillo est un proche parent du président Idriss Déby. Ces dissensions et les violences du 28 février auraient suscité de véritables tensions au sein de leur tribu, les Zaghawas, et de l’armée. Une information démentie par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Chérif Mahamat Zène.
Pour le moment, aucun responsable gouvernemental tchadien ne répond au téléphone et n’a pu confirmer l’exfiltration de l’opposant. Ceux qui daignent répondre au téléphone « ne sont pas au courant de la situation. » Rappelant que l’armée agit avec prudence, car il y aurait de nombreux proches de Yaya Dillo armés jusqu’aux dents, retranchés dans son domicile. Cependant, force est de reconnaître que le camp d’Idriss Déby se divise
Ancien chef rebelle rentré à Ndjamena pour devenir membre du gouvernement puis ambassadeur à la Cémac, Yaya Dillo avait rompu avec le régime et décidé de se présenter à la présidentielle du 11 avril. Il est sous le coup de deux mandats d’arrêt, après avoir été visé par une plainte pour diffamation et injures à l’encontre de la Première Dame, Hinda Déby Itno. En mai dernier, il avait notamment critiqué une convention signée entre la fondation de l’épouse du chef de l’État et le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, dénonçant des malversations. Il avait déjà résisté à une précédente tentative d’arrestation. Mais pourquoi le régime a-t-il voulu l’arrêter aujourd’hui et comment expliquer la violence de cette tentative d’arrestation ? Le Tchad n’a pas encore fini de faire parler de lui.
Avec RFI