Accusé de passivité dans l’affaire du journaliste Amadou Diouldé Diallo, le président de la HAC, la Haute Autorité de la Communication, Boubacar Yacine Diallo, a donné sa conception ce 26 avril sur Espace Fm. «Par le passé, chaque fois qu’un journaliste était arrêté, je prenais ma plume pour réagir. Mais là, c’était le journaliste, l’écrivain et le président d’une association de presse qui réagissait. Aujourd’hui, je suis le président d’une institution qui décide par plénière. J’ai mon avis personnel, mais il y a l’avis de la plénière. Je ne peux pas engager l’institution par rapport à mes propres conceptions», a précisé Boubacar Yacine Diallo.
Amadou Diouldé Diallo, journaliste critique du pouvoir, arrêté en mars dernier, a passé deux mois derrière les barreaux, au titre de la détention préventive que ne prévoit pas la loi portant la liberté de la presse. Il est poursuivi pour ‘’offense au chef de l’Etat et diffamation’’, son procès traîne toujours devant le tribunal de première instance de Dixinn, où la phase de réquisition et de plaidoirie a été bouclée il y a plus près des deux semaines. Reste la tombée de la décision !
«Lorsque Amadou Diouldé Diallo a été arrêté, j’ai été le premier à avoir ressenti son emprisonnement. D’autres pensent que je n’ai pas fait assez. Je voudrais simplement dire qu’une fois que la justice s’est saisie d’une affaire, on ne peut interférer. Prenons le cas du Président de la République. C’est l’autorité la plus haute, mais elle ne peut gracier que quand le jugement définitif est rendu. Comment voulez-vous qu’un président de la HAC interfère dans une procédure judiciaire. Je pense qu’il faut que cette équivoque soit levée». Et de poursuivre : «Lorsque le procureur décide de poursuivre quelqu’un parce qu’il estime que celui-ci a commis un délit par voie de presse et qu’un juge d’instruction a ouvert une information et même une procédure judiciaire, c’est impossible ! Qui peut intervenir ? La loi l’interdit formellement. Donc, souffrez que je fasse une immixtion dans la procédure judiciaire. J’utilise les autres voies en ma possession pour pouvoir obtenir la liberté pour ce journaliste. Nous avons réglé au moins dix affaires à l’amiable. Assainir la profession, on le réussira ensemble.»
En revanche, le Président de la HAC soutient avoir pris des contacts avec plusieurs personnalités afin d’obtenir la liberté pour Amadou Diouldé Diallo. Mais, explique-t-il, lorsque qu’il n’a pu régler la question, il s’est tourné vers les autorités judiciaires en leur rappelant que seule la loi sur la liberté de la presse prévaut lorsque qu’un délit a été commis par voie de presse.
«Je regrette sa détention, je regrette la durée de celle-ci. J’espère qu’avant le 3 mai, il retrouvera sa liberté. C’est ce que j’espère, je souhaite, et je demande. Mais, je ne peux pas le demander à la justice parce qu’elle est indépendante, je ne peux que prier et espérer…»
La carte de presse, dès le 3 mai
Lancé le 1er février, l’opération d’enrôlement pour la carte de presse professionnelle est à sa phase de dépouillement. La HAC a enregistré 4 000 postulants, 2 300 réellement enrôlés, dont 800 journalistes à l’intérieur du pays. Mais, 600 autres ont été recalés pour des raisons diverses, notamment pour manque de documents, mais aussi pour faux et usage de faux. A date, 1 500 cartes ont reçu le Ok, affirme Boubacar Yacine Diallo. Qui regrette «la légèreté de certains patrons de presse, la légèreté aussi de certains patrons d’associations de presse parce que nous avions souhaité que les listes nous parviennent par les associations», indique-t-il.
Ces journalistes authentifiés et enregistrés auront leur carte de presse professionnelle dès le 3 mai au siège de la HAC, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. Selon Boubacar Yacine Diallo, rien que pour la carte de presse, «nous avons dépensé déjà près de 200 millions de francs guinéens.» Il explique que sur chaque carte est inscrit un numéro de téléphone et une photo. «Si quelqu’un s’improvise journaliste ou s’autoproclame tel auprès de quelqu’un, il lui suffira simplement d’aller sur le site de la HAC et voir si vraiment la personne est journaliste. Nous avons mis un numéro de téléphone ouvert 24 h/24 sur le site, si vous avez des soupçons, vous appelez le numéro et on vous dira si c’est authentique ou pas», a précisé le président de la HAC.
Yaya Doumbouya