Le Département d’Etat américain a, dans un rapport du 1er avril, épinglé la Guinée de multiples violations des droits humains. Le rapport insiste notamment sur la période d’avant, pendant et après le scrutin présidentiel du 18 octobre dernier, où des violences avaient éclaté et des manifestants réprimés par les forces de défense et de sécurité.
Le silence assourdissant du gouvernement quatre jours après la publication du rapport a donné lieu à diverses interprétations, lorsque l’on sait la promptitude de réaction de celui-ci au sujet d’autres rapports d’ONG sur les droits de l’homme en Guinée. Finalement, le 5 avril, sur Rfi, le ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé, a brisé le silence. Selon lui, le rapport du Département d’Etat américain sur l’état des droits humains en Guinée, «contient de nombreuses inexactitudes. Au niveau factuel, il y a aussi beaucoup d’approximations. Peut-être qu’ils doivent manquer d’informations, ou en tout cas, ils devraient revoir leurs sources d’informations parce que les enquêtes ont bel et bien été ouvertes sur tous les cas d’incidents avérés qui ont été en tout cas constatés par les autorités compétentes en République de Guinée. »
Dans ce rapport de dix pages, les Américains dénoncent des assassinats, des arrestations et détentions arbitraires, de tortures, des délits et crimes sans l’ouverture d’enquête. Le ministre Amara Somparé tient à « insister encore une fois, en Guinée, la justice est indépendante. Le temps de la justice n’est pas le temps des politiques, le temps de la justice n’est pas le temps des médias. Il faut laisser la justice faire son travail et quoi qu’il arrive, toute personne qui sera reconnue coupable d’avoir perpétré les crimes, que ce soit en période pré-électorale ou post-électorale, répondra de ses crimes devant la loi. Je pense que ce rapport mérite d’être revu en profondeur et nous en ferons part à nos partenaires américains. »
Le gouvernement guinéen décrie et rejette régulièrement les rapports des ONG nationales et internationales sur les droits de l’Homme.
Yaya Doumbouya