Minneapolis est resté mardi depuis le 13 avril sous tension après une deuxième nuit consécutive de manifestations malgré l’entrée en vigueur d’un couvre-feu dans cette ville du nord des Etats-Unis. La vague de violence est consécutive à la mort d’un noir tué par la police. En plus du couvre-feu dans toute l’agglomération décrété par les maires des villes jumelles de Minneapolis et de Saint-Paul, un millier de soldats de la Garde nationale sont à pied d’œuvre pour empêcher de nouveaux débordements.
Une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi et des policiers ont été légèrement blessés à l’occasion d’un rassemblement en face du commissariat de Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis, ont annoncé les forces de l’ordre, qui ont utilisé à plusieurs reprises du gaz lacrymogène. C’est à cet endroit que Daunte Wright, un Afro-Américain de 20 ans qui circulait en voiture avec sa petite amie, a été tué « par accident » dimanche, au cours d’un banal contrôle lié à des plaques d’immatriculation invalides, a expliqué la police locale. Une agente avait alors « sorti son arme à feu à la place de son Taser », un pistolet à impulsion électrique censé être non létal, selon la même source.
Lundi 12 avril peu avant 21h locales, (02 h GMT mardi), près de deux heures après l’entrée en vigueur du couvre-feu, des dizaines de manifestants ont continué de brandir leurs pancartes et de scander des slogans à proximité du poste de police de Brooklyn Center.
Ils ont nargué les policiers à travers le grillage nouvellement érigé autour du commissariat et portaient des pancartes clamant « Emprisonnez tous les flics tueurs racistes », « Suis-je le prochain ? » et « Pas de justice, pas de paix ». Des pillages sporadiques ont également eu lieu ailleurs à Brooklyn Center, ont raconté des responsables chargés de la sécurité. Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées pour une veillée dans cette localité du nord-ouest de l’agglomération de Minneapolis. Une sculpture commémorative représentant un poing serré a été transportée du site où George Floyd a été tué jusqu’au lieu de ce nouveau drame.
« Etre une personne de couleur est fatigant », a dit à l’AFP Butchy Austin, un employé de commerce de 37 ans devenu un militant depuis ce meurtre il y a près d’un an dans cette même ville de Minneapolis. « Nous voulons savoir que nous pouvons être en sécurité ».Il s’agissait de la deuxième nuit d’affilée de protestations après la mort de Daunte Wright.
Le soir du 12 avril, dans un communiqué les autorités judiciaires de l’Etat du Minnesota ont transmis l’identité de la policière impliquée. Kimberly Potter, une employée des services de police de Brooklyn Center depuis 26 ans, a été suspendue administrativement, ont-elles souligné. Pour étayer ses propos sur une « mort accidentelle », le chef de la police locale Tim Gannon a présenté l’enregistrement réalisé par la caméra-piéton de la policière.
Sur ces images, on voit des agents extraire le jeune homme de sa voiture et lui passer des menottes. Celui-ci oppose alors une résistance et se rassoit dans son véhicule. On entend la policière crier « Taser, Taser », pour signaler qu’elle va tirer. A la place, un coup de feu résonne. « Putain de merde, j’ai tiré sur lui », réagit alors cette dernière, tandis que Daunte Wright, mortellement blessé, démarre au volant de sa voiture qui s’écrase quelques rues plus loin.
Elsa Etoundi