L’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS) et l’ONG Reporters sans frontières (RSF) s’associent pour réclamer la libération immédiate du journaliste Amadou Diouldé Diallo, l’un des doyens de la presse guinéenne, détenu à Conakry, et d’Ibrahima Sadio Bah, journaliste sportif. Elles réclament simplement le respect de la loi qui a mis fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse en Guinée.

Amadou Diouldé Diallo a été arrêté le 27 février dernier à Conakry. Il venait d’intervenir dans une émission journalistique diffusée sur une radio privée guinéenne au cours de laquelle il avait violemment critiqué l’action du Chef de l’Etat, Alpha Condé, récemment réélu président de la république de Guinée pour un troisième mandat. Inculpé le 1er mars pour «offense au Chef de l’Etat et diffamation», il a été placé sous mandat de dépôt. Son état de santé défaillant a nécessité son transfert de la maison centrale à l’hôpital Ignace Deen de Conakry.

Quelques jours avant l’arrestation d’Amadou Diouldé Diallo, un autre journaliste de sport, Ibrahima Sadio Bah a été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour ‘’diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse’’ à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré. Il a été condamné, le 4 février, pour un article sur le site guinee7.com relatant des accusations de corruption d’un candidat malheureux contre le vainqueur de l’élection à la présidence de la FEGUIFOOT. Le procureur avait pourtant requis la relaxe du prévenu pour délit non constitué.

« Les détentions de journalistes, alors même que la loi ne le permet pas, restent trop fréquentes en Guinée, déplore le secrétaire général de RSF Christophe Deloire. Celles-ci revêtent également un caractère inédit par leur durée. Nous demandons la libération sans condition de ces journalistes dans le respect des textes applicables.« 

Historien et Journaliste, Amadou Diouldé Diallo est le président de l’association guinéenne de la presse sportive et le vice-président de la section Afrique de l’AIPS qui regroupe 166 associations nationales de journalistes de sport des cinq continents.

L’AIPS défend partout dans le monde le libre accès aux événements sportifs et la liberté d’expression pour tous les journalistes” déclare Gianni Merlo, le president de l’AIPS. “Nous sommes choqués dès lors qu’un de nos membres -c’est le cas des deux journalistes guinéens incriminés-  est détenu pour des propos tenus dans l’exercice de sa profession même si, en ce qui concerne M.Diallo, ce ne fut pas dans le cadre d’un reportage de sport. Nous demandons également la libération sans conditions de nos collègues dans le respect des textes applicables”.

L’AIPS et RSF constatent que la détention provisoire d’Amadou Diouldé Diallo est en opposition avec la constitution de la République de Guinée dont l’Article 10 stipule que «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression». La loi L002 portant sur la liberté de la presse a dépénalisé les délits de presse en Guinée. L’objectif de cette loi est d’éviter qu’un citoyen ne soit arrêté et mis en prison pour des délits commis par voie de presse.

Amadou Diouldé Diallo a été arrêté le 27 février sans convocation préalable. Toutes les démarches de ses avocats pour obtenir sa libération afin qu’il puisse préparer librement sa défense sont restées vaines. Sa famille s’inquiète pour son état de santé. Une première lettre de l’AIPS adressée au président de la République de Guinée, Monsieur Alpha Condé, pour demander la remise en liberté de Monsieur Diallo est restée sans réponse.

La Guinée occupe la 110e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

AIPS President, Gianni Merlo
Secrétaire général de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire