Le mardi 13 avril 2021 aura été noir. Vu de la tradition occidentale, on aurait mieux compris s’il s’était agi d’un vendredi. Les réquisitions extrêmement sévères du procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn n’ont pas permis à notre confrère, Amadou Diouldé Diallo, de recouvrer sa liberté. Pour renvoyer le journaliste en taule, Sidy Souleymane Ndiaye a fondé son argumentaire sur l’honneur et la protection que les citoyens doivent à l’institution présidentielle.
Le représentant de la société à la barre a consacré son argumentaire au sublime respect du devoir du Guinéen lambda à l’égard du président de la république pour durcir sa position. On aura eu droit à une véritable leçon de civisme dont le ton jure nettement avec le libre choix. Puisque nous avons élu le président, nous lui devons absolument considération et respect. Aucun citoyen ne saurait y déroger. Libres, respectables, responsables, nous l’avons effectivement élu. Nous sommes tenus de le respecter. Mais mardi 13 avril, manifestement, il manquait du monde dans la salle d’audience du tribunal de première instance de Dixinn. Les résultats des urnes se disant si sacrés, si sacralisés, Sidy Souleymane Ndiaye aurait dû livrer son discours devant d’autres témoins de taille : la quasi-totalité des membres d’au moins deux institutions républicaines: la CENI et la Cour Constitutionnelle.
La Ceni devrait se fendre le crâne pour y graver une fois pour toutes, le principe, sacré tout aussi, d’honnêteté, de rectitude, de droiture, de probité intellectuelle, d’intégrité morale. Il faut que l’agent électoral prenne un jour la mesure de ses actions quotidiennes sur la vie et la liberté du citoyen, unique détenteur de la souveraineté nationale. Quelle que soit sa place sur la pyramide de l’institution électorale, il faut qu’il mesure les effets et les méfaits de la camisole de force qu’il déploie au pays par bulletins de vote interposés. La fonction de président élu est sacrée ; il est du devoir de la Céni de faire de toutes les étapes du scrutin, des marches d’un escalier qui ne mène qu’à la vérité. Qu’au sacré. Aujourd’hui, Ben Sékou Sylla et Salif Kébé ne sont plus de ce monde. Paix à leur âme ! Mais les vivants, les survivants, de Bakary Fofana à Kabiné Cissé en passant par Loucény Camara, sont-ils conscients du poids qu’ils ont laissé au peuple de Guinée avec leur statut d’anciens présidents de la Céni ? Le doute est permis.
La Cour constitutionnelle, elle, c’est du consacré dans un État de droit. Y appartenir devrait éloigner de toute délinquance, surtout électorale. Elle vous autorise de vous adresser solennellement au peuple et lui présenter le président élu. Elle vous permet aussi de trouver la forme qui sied pour dire au président de la république : « Hé, narine, tu n’es que nez !» A présent, se pose la question: Notre honorable Cour constitutionnelle est-elle en mesure de remplir cette fonction face au Président-Grimpeur ? La réponse ne saurait que gêner. S’il y a dans la salle quelqu’un qui ose demander au procureur Sidy Souleymane Ndiaye de baisser le ton, qu’il se lève la main ! C’est le bon moment.
Diallo Souleymane